Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Grappillage de vieux films (Février/2)

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Double destinée (La otra), Roberto Gavaldon, 1946
Deux soeurs vivent des vies diamétralement opposées : l'une est une grande dame, riche à millions, récemment veuve, l'autre, simple manucure, n'a ni argent ni espoir. Ne lui reste qu'une alternative : se suicider ou tuer sa soeur et se faire passer pour elle. En plein âge d'or du cinéma mexicain, alors dominé par Emilio Fernandez, Roberto Gavaldon frappe un grand coup avec La otra, mélodrame macabre, fortement teinté de gothique. De twists en révélations successives, le ton est à l'outrance et l'oeuvre semble aujourd'hui kitsch à souhait. Mais délicieusement et brillamment. Dolores del Rio trouve ici un écrin parfait pour exprimer tout son talent de tragédienne.

 

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La jolie fermière (Summer Stock), Charles Walters, 1950
Une jeune fermière voit débarquer sa soeur et une troupe comédiens venus répéter leur spectacle ... dans sa grange. Qu'importe son argument, très basique, ou quand le monde des acteurs, extraverti, rencontre celui de l'Amérique rurale, ultra rigide. Tout le charme de cette comédie musicale, et il est immense, vient de ses merveilleuses scènes de danse, surtout quand Gene Kelly, éblouissant, réalise des solos de toute beauté. Judy Garland reste cette interprète sans égale et la performance n'est pas mince quand on sait la crise qu'elle traversait à ce moment là, usée par l'alcool et les médicaments. La MGM mit fin à son contrat après le film. Après une tentative de suicide, elle ne tourna pratiquement plus, hormis dans le somptueux Une étoile est née et, bien plus tard, Jugement à Nuremberg. Quoi qu'il en soit, le film est un enchantement, signé d'un Charles Walters qui n'a certes pas la classe d'un Vincente Minnelli mais demeure l'un des très bons réalisateurs de l'époque.

 

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Le lion en hiver (The Lion in Winter), Anthony Harvey, 1968
En 1183, à Chinon, Henri II réunit son épouse Aliénor d'Aquitaine et ses 3 fils, dont les futurs Richard Cœur de Lion et Jean Sans Terre. Qui sera amené à lui succéder. Lancé sur de bons rails, avec des dialogues percutants, le film devient peu à peu étouffant : longues tirades, moments d'hystérie, ralliements et trahisons, rapports amour/haine. Il s'agit bien de l'adaptation d'une pièce de théâtre aux prétentions shakespeariennes et la mise en scène d'Antony Harvey ne fait rien pour desserrer le huis-clos. Interprétation magistrale de Peter O'Toole et de Katharine Hepburn et premier rôle important pour Anthony Hopkins et Timothy Dalton.

 

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Si j'étais le patron, Richard Pottier, 1934
Un jeune ouvrier d'une usine automobile a inventé un procédé révolutionnaire. Il se vante de pouvoir remettre l'entreprise à flot si jamais il en devenait le patron. Il est pris au mot par le principal actionnaire de la société. Bon artisan,  Richard Pottier est assez peu considéré par les historiens du cinéma. Dès son premier film, il montre pourtant son sens de la comédie, bien aidé par son co-dialoguiste, un certain Jacques Prévert. Il règne une atmosphère pré Front populaire dans cette farce utopique, très habilement menée et solidement interprétée par Fernand Gravey et Max Dearly. Le film permet d'ailleurs à Mireille Balin de décrocher l'un de ses rares rôles de "gentille" dans lequel elle brille cependant moins. Si j'étais le patron avec sa bonne humeur et sa critique acerbe du capitalisme s'élève en tous cas à la hauteur des réussites de l'époque, qu'elles soient signées Duvivier ou Renoir.

 

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Femmes d'un été (Racconti d'estate), Gianni Franciolini, 1958
Un jour d'été. Affaires, amours, rencontres, désillusions ... Film choral, Femmes d'un été possède le charme intemporel des comédies italiennes douces/amères. Les histoires content toutes un malaise, des contraintes et la nécessité de faire semblant d'être heureux. Si Alberto Sordi est comme toujours grandiose, c'est le couple formé par Michelle Morgan et Marcello Mastroianni qui touche le plus. Et pas seulement à cause de l'intrigue, leur interprétation sans effets montre tout simplement ce que sont de très grands acteurs.



28/02/2016
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