Provision de vieux films (Août/2)
Au nom du père (Nel nome del padre), Marco Bellocchio, 1971
Dans les années 50, dans un collège religieux, l'arrivée d'un élève rebelle et anticonformiste provoque des tensions. Bellocchio règle ses comptes avec l'éducation religieuse et il ne fait pas dans la dentelle. Ce cinéma contestataire, post 68, a très mal vielli, en général, et Au nom du père ne faillit pas la règle. Caricatural et outrancier, le film dérive vers le délire baroque et burlesque avec peu de continuité narrative. La chose devient rapidement ennuyeuse par son côté répétitif et démesuré, devenant une farce insipide. A retenir tout de même l'interprétation puissante du très charismatique Yves Beneyton, acteur français dont la carrière prit son essor dans les années 70.
Silence (Chinmoku), Masahiro Shinoda, 1971
Au 17ème siècle, deux prêtres débarquent au Japon. Ils ont pour buts de répandre la foi chrétienne et de retrouver leur mentor disparu. A partir du même roman de Shusaku Endo, les adaptations de Scorsese et de Shinoda ne diffèrent pas dans les événements décrits mais dans leur mise en perspective. Il serait sans doute abusif de parler de vision occidentale, d'un côté, et japonaise de l'autre, mais c'est tout de même le sentiment qui prévaut, surtout dans le dénouement du récit, là où Scorsese est le seul à évoquer la foi intérieure du dernier jésuite jusqu(à la mort, bien qu'il l'ait "officiellement" reniée. Shinoda, ancien assistant d'Ozu et membre de la Nouvelle Vague nippone n'est pas n'importe qui : Fleur pâle et Punishment Island, par exemple, témoignent de son talent. Son Silence est très sobre et invite notamment à réfléchir sur la condition des chrétiens japonais martyrs. Globalement, le film de Shinoda n'a pas l'ampleur de celui de Scorsese et il n'a surtout pas sa puissance mystique.
Mieux que leur réputation (Bedre enn sitt rykte), Edith Carlmar, 1955
Dag est amoureux de son enseignante de français. Karin, une fille de sa classe, aime Dag. Quant au meilleur ami de Dag, c'est Karin qu'il convoite. Cinéaste majeure en Norvège, tout au long des années 50, Edith Carlmar a signé des films sociaux souvent engagés. Mieux que leur réputation est davantage léger, axé sur une jeunesse turbulente et néanmoins anxieuse de réussir ses examens avant d'envisager des études universitaires. Les petites histoires sentimentales du film, pour être en général gentillettes, montrent cependant une liberté sexuelle très "scandinave" et l'importance du qu'en dira-t-on, surtout quand il est question d'une liaison entre une enseignante et son élève, traitée, elle, avec une certaine gravité. Comme quoi, on peut être sérieux quand on a 18 ans.
Adam veut être un homme (Adomas nori buti zmoguni), Vytautas Zalakevicius, 1959
Dans la Lituanie de l'entre deux guerres, Adam, un jeune homme sans emploi ne rêve que de partir pour l'Argentine. Si l'origine du film noir est américaine, il a essaimé un peu partout dans le monde et même en Union Soviétique, plus précisément en Lituanie avec Adam veut être un homme. Une influence de Welles évidente mais un film qui insiste aussi beaucoup sur la cupidité capitaliste qui s'oppose à la naïveté et à la jeunesse du héros. C'est donc aussi un film d'apprentissage, cohérent visuellement mais qui surprend par un montage un tantinet abrupt et surtout une narration qui amnque aussi bien de clarté que de fluidité. Une curiosité, mais pas davantage.
Vacances à Paris (The Perfect Furlough), Blake Edwards, 1958
En poste au cercle polaire, un soldat gagne par tirage au sort trois semaines de vacances à Paris, en compagnie d'une vedette de Hollywood. Mais sa réputation de séducteur fait qu'il est sévèrement surveillé. Ce Blake Edwards de début de carrière n'est pas sa meilleure réalisation mais le sens du rythme et le goût des poursuites sont bien présents. Le thème en est clairement la frustration sexuelle, très à la mode dans les comédies américaines de l'époque (Edwards a tourné le film entre Le démon de midi et Opérations jupons, hum). L'atout maître est ici Tony Curtis, vibrionnant, accompagnée de sa chère Janet Leigh, remarquable en psychologue coincée. Entre la vision caricaturale des français et la libido exacerbé du mâle américain, Vacances à Paris ne fait pas dans la dentelle mais, en contrepartie, comment ne pas se divertir devant ce film écrit au cordeau, réalisé avec goût et interprété par de purs talents ?
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 51 autres membres