Guirlande de vieux films (Août/1)
La duchesse de Langeais, Jacques de Baroncelli, 1942
Le général de Montriveau cherche à séduire la duchesse de Langeais qui reste d'abord insensible à ses charmes. Mais un malentendu brouille leur relation. La nouvelle de Balzac est adaptée par Jean Giraudoux qui lui est infidèle sur un point essentiel (le malentendu). Le matériau littéraire étant principalement psychologique, le scénariste a dû ajouter des péripéties qui sont de nature à dénaturer l'esprit de l'original. Cependant, les dialogues sont brillants et la reconstitution de l'époque de la Restauration somptueuse. Balzac n'a jamais été autant exploité que sous l'Occupation et La duchesse de Langeais est certainement la plus belle réussite, même imparfaite et gâchée par un dénouement mélodramatique (le texte de Balzac est de son côté beaucoup plus concis et efficace). Très belle interprétation d'Edwige Feuillère, légère puis vibrante.
Patrouille blanche, Christian Chamborant, 1942
Un agent des trusts de pétrole fomente un complot en vue de détruire un barrage en construction. Un asiatique est chargé de faire sauter l'ouvrage. L'asiatique en question, portant le nom de Halloway (sic) est interprété par l'excellent Sessue Hayakawa, qui hélas dut souvent jouer pour le cinéma français de ces rôles de fourbes venimeux. Il est entouré de bons acteurs (Junie Astor, Paul Azaïs, Robert Le Vigan) qui font ce qu'ils peuvent dans ce film policier bien laborieux, aux péripéties aussi peu crédibles que possible, avec un twist terminal qui a peut-être fait son effet à l'époque (le flic infiltré), et encore. Par ailleurs, ce qui est vraiment gênant pour le spectateur d'aujourd'hui est cette étoile cousue sur l'uniforme des membres de la Patrouille blanche et qui en rappelle une autre, bien funeste. A noter cependant qu'une grande partie du film, notamment les extérieurs alpestres, a été tournée dès 1939, avant l'interruption due à la guerre. Il est sorti en avril 1942.
Le valet maître, Paul Mesnier, 1941
Gustave Lorillon, valet de chambre, est un très bon joueur de bridge. Meilleur que son employeur auquel il ravit sa maîtresse. Henri Garat porte encore beau mais l'acteur est déjà sur la pente descendante. Il n'en est pas moins l'un des principaux attraits du film, davantage qu'Elvire Popesco dont les minauderies sont insupportables. Le valet maître est un des trois films tournés sous l'Occupation par l'obscur Paul Mesnier et ce n'est pas le pire, bien que son origine théâtrale le rende un peu lourd. C'est une lutte des classes bon enfant qui est évoqué dans le film avec quelques audaces relatives pour faire frissonner d'aise le public de 1941, ce qui ne l'empêcha pas d'être un échec commercial.
La cavalcade des heures, Yvan Noé, 1943
Le temps envoie Hora, une de ses heures, chez les humains pour les aider à prendre conscience de leur destin. Elle prend différentes formes pour transformer la vie des uns et des autres. Un film à sketch d'assez bonne facture même si le lien entre les différents segments est un peu fumeux. Des petites histoires inégales mais bien interprétées, par Charpin, et dont la tonalité est globalement triste sur le principe de Qu'avons-nous fait de tout ce temps ? Trenet et Fernandel y vont chacun d'une chanson, le Que reste-t-il de nos amours du premier étant parfaitement adapté au climat général. Dans la filmographie inégale, pour le moins, d'Yvan Noé, La cavalcade des heures mérite de figurer à une place honorable.
La boîte aux rêves, Yves Allégret & Jean Choux, 1945
Quatre garçons, qui partagent un appartement, vivent d'expédients et de bières fraîches. Jusqu'à ce que débarque Nicole, une belle amnésique. Yves Allégret a signé des comédies sous l'Occupation avant de passer au film noir, genre dans lequel il s'est illustré avec notamment Manèges et Une si jolie petite plage. La boîte aux rêves est totalement inoffensif et ne suscite ni les rires ni la sympathie, visiblement écrit à la va vite sur un argument sentimental qui ne vaut pas tripette. Le film est plutôt misogyne et se déroule presque exclusivement dans un grand appartement avec quelques scènes au Café de Flore. Interprétation un peu agitée de Pierre Louis, Franck Villard, Henri Guisol et René Lefèvre tandis que Viviane Romance joue pour une fois un rôle de "gentille" qui ne lui convient pas du tout. Il y a tout de même un intérêt : celui de voir les débuts ou peu s'en faut de Simone Signoret, Paul Frankeur et Gérard Philipe. Mais ils n'ont qu'une ou deux répliques à dire.
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