Provision de vieux films (Juillet/2)
Au revoir, à demain (Do wizdenia do jutra), Janusz Morgenstern, 1960
Un directeur de théâtre rencontre dans la rue la fille d'un diplomate français. Le début d'un amour ? Le premier film de Janusz Morgenstern, l'un des représentants de la nouvelle vague polonaise, montre avec talent la ville de Gdansk. Laquelle est plus intéressante que le scénario passe-partout et existentialiste que l'on a pu voir au début des années 60, en France, en Angleterre, en Tchécoslovaquie ou en Yougoslavie, à peu de choses près. On y parle un peu français, pour faire chic, on y joue au tennis et on se promène sous la pluie. Bref, le charme qui devait exister à l'époque s'est évaporé et on est juste étonné par la courte apparition de Roman Polanski qui est cependant loin d'être un débutant en tant qu'acteur et a déjà réalisé plusieurs courts-métrages.
Martina est-elle déshonorée ? (Martina), Arthur Maria Rabenalt, 1949
Fille de mauvaise vie, Martina est prise dans une rafle. Elle rencontre sa sœur au tribunal, qui la croyait morte durant la guerre. Ce mélodrame est très ancré dans son époque, l’immédiat après-guerre, avec une opposition excessivement marquée entre la jeune femme perdue et sa sœur, psychologue, mais très maladroite dans sa vie sentimentale. Le film est plus réussi en termes d’atmosphère que pour son scénario un peu trop prévisible. L’interprétation est excellente. Cinéaste prolifique, l'autrichien Arthur Maria Rabenalt a réalisé de nombreuses comédies musicales comme Amour, tango, Mandoline (oups).
Empreintes digitales (Big Brown Eyes), Raoul Walsh, 1936
Une manucure devenue journaliste aide son petit ami à coincer une bande de malfaiteurs spécialisés dans le vol de diamants et le meurtre. Adapté d'une pièce de théâtre, Empreintes digitales ne fait pas partie des grands Walsh mais se révèle d'une efficacité redoutable tout au long de ses 75 minutes, qui en paraissent 30. L'argument est policier mais c'est son aspect de comédie qui emporte l'adhésion. En particulier dans le dialogue entre un Cary Grant juvénile et une Joan Bennett qui lui dame le pion, elle qui, pour une fois, apparait en blonde, au point de ressembler comme deux gouttes d'eau à sa sœur Constance. Les principales scènes ont lieu dans un salon de coiffure pour hommes où les clients s'expriment à intervalles réguliers, via un montage accéléré, sur l'actualité policière du moment. Peut-être pas un très grand Walsh mais c'est sacrément brillant tout de même.
Les poissons rouges (Los peces rojos), José Antonio Nieves Conde, 1955
Un écrivain arrive une nuit à Gijon, au milieu d'une tempête. Il est accompagné de sa maîtresse et de son fils. Ce dernier disparait le lendemain, happé par la furie de la mer. A quoi ressemblait un film noir espagnol au temps de Franco ? A son équivalent américain, avec un petit moins de moyens er de talent. La réponse est dans ces Poissons rouges, d'assez bonne facture, qui a chiadé son atmosphère délétère et ses rebondissements à travers une série de mensonges audacieux, le tout étant conté en flashbacks. Le réalisateur José Antonio Nieces Conde a sévi pendant 30 ans en abordant tous les genres, y compris l'horreur.
Méfie-toi d'Eve (Ah min hawaa), Fatine Abdel Wahab, 1962
Un vétérinaire venu soigner les animaux d'un propriétaire terrien se dispute très vite avec la petite-fille de ce dernier, une véritable peste. Ce type de comédie, très caractéristique du cinéma égyptien des années 50 et 60, a certes beaucoup vieilli mais reste un régal quand les ingrédients sont en place. Le film est une sorte de version de La mégère apprivoisée et présente un mélange cocasse de misogynie et de féminisme (si, c'est possible). C'est évidemment cousu de fil blanc mais les péripéties, au moins dans la première heure, sont proprement irrésistibles. L'interprétation est bien entendu outrée mais cela fait partie du charme de ces productions qu'on imagine projetées devant une salle populaire du Caire.
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