Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Plein la vue du côté d'Arras (7)

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Un festival, ce sont des films mais aussi des rencontres avec des artistes. Aujourd'hui, Stéphane Brizé (Une vie) et Edouard Baer étaient de passage à Arras. Moments d'exception.

 

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Ministère de l'amour (Ministarstvo ljubavi), Pavo Marinkovic, Croatie
L'humour slave est toujours vivace dans les passe l'ex-Yougoslavie, y compris et surtout pour traiter de sujets sociaux. La guerre est une lointaine toile de fond dans Ministère de l'amour, un road-movie dégingandé qui met un peu de temps à installer un climat poético-absurde. Mine de rien, c'est du sort des veuves de guerre dont parle le film, mais par la bande et le biais d'un récit où l'amertume le dispute à un certain besoin de voir les choses de façon optimiste. Ou fataliste, si l'on veut, à partir du moment où trouver sa voie et refuser les compromissions est encore le meilleur moyen de donner un sens à sa vie, voire de rencontrer le bonheur. Cette philosophie dû Carpe diem n'est pas donnée d'emblée, Ministère de l'amour raconte cette quête à sa manière subtile et tortueuse.

 

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Gloire (Slava), Kristina Grozeva, Petar Valchanov, Bulgarie
Kristina Grozeva et Peter Valchanov ont tout pour devenir de nouveaux Dardenne, non qu'ils partagent des liens familiaux mais pour leur forme de cinéma, leur conviction à défendre les plus humbles, étant précisé que le contexte politique et social de la Bulgarie n'a rien à voir avec celui de la Belgique. Comme The Lesson, Slava (Gloire), leur nouveau film montre leur acharnement à "ne pas lâcher le morceau" dans une narration qui part d'un fait plus ou moins anodin pour déboucher sur un engrenage aussi fatal inéluctable. Sans jamais céder à un quelconque manichéisme, le film oppose le monde du pouvoir à ceux qui n'ont rien, à part leur honnêteté et leur innocence. La ténacité et la sincérité des auteurs mais aussi leur savoir-faire voire roublardise participent à la réussite du film.

 

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Une vie, Stéphane Brizé, France, sortie le 23 novembre
Comment adapter un roman classique comme Une vie de Maupassant ? Et pourquoi, finalement ? Impossible de rendre toute la richesse du livre quand on n'a pas 10 heures. Stéphane Brizé a choisi de trancher, de suivre Jeanne son héroïne de loin en loin dans le temps, durant 30 ans, en adoptant un point de vue radical et personnel, narrativement parlant. C'est un film détaché du roman, ambitieux, sur la fin des illusions, comme le métrage précédent de Brizé, La loi du marché. Avec son écran carré, son refus de la chronologie, ses ajouts au livre, ses flashbacks, Une vie déconcerte au début par ses partis pris, au point de parler de formalisme, s'impose sur la longueur et rejoint finalement la vision de Maupassant. Judith Chemla, qui est aussi chanteuse, est proprement époustouflante dans le rôle de cette femme déçue, trompée, bafouée. Une étoile est née, sans l'ombre d'un doute.

 

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Ouvert la nuit, Édouard Baer, France, sortie le 11 janvier 2017
Avec Édouard Baer, ce n'est pas la destination qui compte mais bien le voyage. Dans Ouvert la nuit, il s'agit d'une traversée de Paris, en quête d'un singe, enfin plus ou moins, et nuitamment bien sûr. Toujours cette même impression d'improvisation ou de n'importe quoi, qui n'est qu'apparente puisque tout est écrit. Le personnage de Baer est forcément nourri par sa personnalité, il ne se ménage pas d'ailleurs. Mais l'artiste est bien entouré, Galabru pour un petit rôle, Audrey Tautou et Sabrina Ouazani, entre autres. Entre folie douce et tempérament lunaire, Ouvert la nuit est plutôt réussi esthétiquement parlant, pour le reste il vaut mieux apprécier l'humour et la poésie de Baer.

 



11/11/2016
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