Chroniques rochelaises (7)
La Rochelle est un festival à la carte. On peut s'y délecter de rétrospectives (Makhmalbaf, Bellocchio, Mackendrick), de doucumentaires, de films muets (Feuillade et Musidora), de films restaurés, d'avant-premières, etc. Pour ce jeudi, focus sur 4 films dont 3 ont peu de chance de sortir en salles.
CHORUS de FRANCOIS DELISLE
Le sujet de Chorus, premier film du québécois François Delisle à être distribué en France, est très dur. Une histoire de deuil qui devra attendre 10 ans pour être consommé. Sur un thème pareil qui demande du doigté, Delisle a choisi le noir et blanc et un traitement psychologique qui scrute au plus près la douleur de ses personnages. C'est évidemment émouvant mais sombre parfois dans le pathos en ne nous épargnant rien des souffrances intimes. L'interprétation est impeccable, la mise en scène étonnamment douce. Pas entièrement convaincant peut-être mais François Delisle est un nouveau nom à retenir dans un cinéma québécois qui étonne par sa richesse et sa diversité.
Sortie le 7 octobre.
UNTIL I LOSE MY BREATH (Nefesim kesilene kadar) d'EMINE EMEL BALCI
Le premier long-métrage du cinéaste turc Emine Emel Balci décrit la course sans fin d'une jeune fille qui pourrait être une soeur de Rosetta. Jusqu'à en perdre haleine comme le dit justement son titre en anglais. Le même style naturaliste est à l'oeuvre décrivant une sorte de soif d'amour de son héroïne, pour son père, qui lui fait faire tout et n'importe quoi pour attirer son attention. Le film n'est qu'une suite de désillusions pour ce personnage de guerrière qui s'époumone en vain. Les scènes s'enchaînent dans une continuité disloquée sans que l'on ressente énormément d'attirance pour Until i lose my breath, trop caractéristique d'un cinéma signifiant pas très agréable à regarder pour sa tonalité systématiquement dramatique et désespérée.
BRIDES (Patardziebi) de TINATIN KAJRASHVILI
L'une des caractéristiques du nouveau cinéma géorgien, de Keep smiling à La terre éphémère, est de proposer de vraies histoires qui témoignent peu ou prou de l'état de la société. Brides est de ce calibre : un portrait très fort de femme, dont le mari est en prison et qui ne baisse pas les bras. On la voit dans son travail, auprès de ses proches, tentée par l'adultère et en visite dans la prison où croupit son homme. La réalisatrice Tinatin Kijrashvili signe un premier film tenu de bout en bout et assez souvent inattendu (le faux triangle amoureux) jusqu'à un dénouement ouvert sur toutes les possibilités. L'interprétation de Mari Kitia est splendide, passant par toutes les nuances dans ce drame intime sur l'amour et l'absence qui mériterait de sortir dans nos salles.
THE REAPER (Kozac) de ZVONIMIR JURIC
Déjà routier expérimenté du cinéma croate, Zvonimir Juric réalise avec The Reaper une sorte de thriller minimaliste qui suit plusieurs personnages masculins, trois principalement, une nuit particulièrement blafarde. Le poids du passé avec ses traumatismes va déboucher sur un drame. Une tension persistante, susceptible d'orienter vers de fausses pistes narratives, construit le film dans une narration pourtant diablement austère, qui cache une violence sous-jacente. Certaines scènes beaucoup trop étirées nuisent à son intérêt alors que l'on sent une matière vibrante inexploitée en suspens. Décevant malgré les belles promesses de son démarrage.
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