Cinéphile m'était conté ...

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Plein la vue du côté d'Arras (4)

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Encore une belle journée du côté d'Arras. Points forts de ce lundi : Neruda de Pablo Larrain et Isabelle Huppert dans Souvenir de Bavo Defurne.

 

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Souvenir, Bavo Defurne, Belgique, sortie le 21 décembre
"Quand un optimiste rencontre une pessimiste" : ainsi Bavo Defurne résume t-il son second film Souvenir. Avec sa trame proche de Quand j'étais chanteur, le film est dominé par l'incroyable Isabelle Huppert aussi phénoménale que dans Elle, dans un registre radicalement différent. Elle se met encore en danger en chantant, et elle le fait divinement. Souvenir est une sorte de conte de Noël qui utilise à son avantage et transcende tout un tas de clichés (la solitude, l'alcool), le film ne jouant pas du tout la carte du réalisme. Derrière la performance de Huppert, il ne s'agirait pas d'oublier le grand talent de Bavo Defurne dont la mise en scène précise mais aussi narquoise et inventive donne au film un cachet particulier ni moderne ni classique mais d'une élégance d'esthète, sans l'ombre d'un doute.

 

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Souffler plus fort que la mer, Marine Place, France
Avec Souffler plus fort que la mer, Marine Place, habituée des documentaires, signe son premier long-métrage de fictive. Native des environs d'Arras, elle s'est entourée de comédiens également originaires de la région des Hauts de France (ou du Nord, si l'on préfère, pour la majorité. Pour montrer la vie d'une petite île bretonne et d'une famille de marins pêcheurs frappée par la crise économique, elle a pu compter sur une véritable troupe, c'est en tous cas la sensation que l'on a en regardant le film. Son aspect le plus convaincant est le réalisme qui s'en dégage et son authenticité brute. Des qualités dignes d'un documentaire ou encore d'un téléfilm sans connotation péjorative. Marine Place est moins à l'aise avec l'onirisme qu'elle essaie d'insuffler à l'ensemble avec son personnage principal, une jeune femme partagée entre fascination et effroi pour la mer et sa passion pour la musique. Olivia Ross, encore méconnue, l'incarne avec bonheur, certes, mais il manque une mise en scène plus inspirée pour emporter totalement l'adhésion.

 

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Neruda, Pablo Larrain, Chili, sortie le 4 janvier 2017
Sénateur communiste et poète célèbre, Pablo Neruda était devenu indésirable dans le Chili fasciste de 1948. Le film de Pablo Larrain, sobrement intitulé Neruda, raconte cette période à travers la traque de l'artiste par un policier possédé par sa mission. Le cinéaste chilien envoie valser toute espèce d'idée d'un biopic mais aussi d'histoire policière, dans le sens traditionnel en tous cas. Neruda est un film déconcertant, malicieux et brillant, parfois trop sûr de son originalité, c'est un peu son pêché mignon qui recrée un fantasme de fiction, une sorte d'œuvre littéraire en soi, et qui, paradoxalement, devient un portrait sans doute assez juste de Neruda, avec ses contradictions, ses délires, mais aussi sa lucidité dans le sens où il devenait un personnage plus grand que nature, la légende prenant le pas sur la vérité, si tant que cette dernière puisse être reconstituée. Un film étonnant de plus dans la carrière de Pablo Larrain, l'un des plus talentueux d'Amérique latine. Si Gael Garcia Bernal est comme toujours irréprochable, c'est ici Louis Gnecco, dans le rôle titre qui mérite tous les compliments.

 

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Le géant (Jätten), Johannes Nyholm, Suède
Il se prénomme Rikard et adore la pétanque. Une histoire marseillaise ? Pas du tout, un film suédois qui conte la singulière destinée d'un garçon né avec une malformation qui le fait ressembler à Elephant Man, ce qui ne l'empêche pas de se passionner pour le jeu au cochonnet jusqu'à essayer de remporter la compétition des pays nordiques. Le géant, premier film de Johannes Nyholm, est très singulier et n'arrête pas de quitter la route narrative qui semble toute tracée. Si la mise en scène façon "Dogme" atténue parfois son impact, l'irruption régulière d'effets spéciaux extrêmement poétiques redonne un intérêt tout neuf pour un récit qui combine étrangeté et émotion sans jamais se laisser aller à un quelconque pathos. Un film à apprécier partout et pas seulement dans le sud de la France. Cochonnet qui s'en dédit !



08/11/2016
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