Plein la vue du côté d'Arras (10)
Clap de fin à Arras. Et 5 nouveaux films qui font 40. Un dernier jour pour voyager d'Australie en Géorgie, en passant par les Pays-Bas et la Slovénie, sans oublier la France. Les jurys ont eu bon goût pour le palmarès de la compétition européenne : les films hongrois (Roue libres), bulgare (Glory) et géorgien (Anna's life) ont raflé très justement les prix.
Allez, on se voit l'année prochaine ?
Waldstille, Martijn Maria Smits, Pays-Bas
Il est des films dont la lecture seule du synopsis donne une idée très précise du film à venir. Et de surprises, parfois, il n'y a point. Voici l'impression laissée par Waldstille du néerlandais Martijn Maria Smits. Une histoire de résilience, très balisée, dont la modestie n'est pas a priori rédhibitoire sauf qu'elle est ici conjuguée à une cinématographie relativement pauvre et à une narration linéaire, nonobstant quelques zones de mystère dont la résolution n'a au fond qu'un intérêt limité. Film aux enjeux dramatiques trop clairs, Waldstille, malgré son sujet, laisse à peu de choses près de marbre.
La vie d'Anna (Anas ckhovebra), Nino Basilia, Géorgie
Plusieurs emplois sont nécessaires à Anna pour vivre à Tbilissi avec un fils autiste en école spécialisée, en rêvant de partir en Amérique. Nino Basilia trace le portrait d'une femme géorgienne qui paie cher sa liberté. On apprécie le style naturaliste de La vie d'Anna et son refus de tout misérabilisme. Le film séduit par son style fluide et sa mise en scène légère qui lui donne parfois même un ton de comédie. La narration s'accélère dans sa dernière partie, plus dramatique et en étant d'urgence, perdant de ce fait une part de sa crédibilité avec un engrenage qui pousse le film vers le thriller. Bien que moins convaincant dans ses dernières minutes, La vie d'Anna confirme la bonne santé actuelle du cinéma géorgien.
Houston, nous avons un problème! (Houston, imamo problem!), Ziga Virc, Slovénie
Qu'est-ce qui est faux dans Houston, nous avons un problème ? Tout, puisqu'il s'agit d'un documenteur mais crédible jusqu'à un certain point ou tout du moins imaginé de façon si maligne que cela pourrait passer pour un des secrets les mieux gardés du XXe siècle. Un mensonge monté de toutes pièces avec des documents d'époque montrant Tito, Nixon et des images de la NASA, s'imbriquent parfaitement dans une histoire fictive, pas si délirante que cela. L'introduction d'éléments plus classiques et contemporains de dramaturgie est un aspect moins efficace du film du réalisateur slovène Ziga Virc qui n'en est pas moins, c'est le paradoxe de cette tromperie assumée, une illustration parfaite du monde du temps de la guerre froide et de la place qu'y occupait la Yougoslavie de Tito.
Lion, Garth Davis, Australie, sortie le 15 février 2017
Lion fait partie de ces films dont le scénario n'aurait jamais été crédible s'il n'était pas issu d'une histoire on ne peut plus véridique et à peine croyable. De quoi écrire un mélodrame touchant au possible que l'on attendait digne et pas pousse aux larmes, surtout. Tâche dont s'acquitte assez bien le réalisateur australien Garth Davis, pour son premier film après épisodes de la série Top Lake. Il se laisse hélas aller à mettre le curseur trop fort sur le plan émotionnel dans une dernière heure certes remuante mais qui méritait toute la sobriété du monde. Vraiment regrettable et qui plus est surjoué par des comédiens dont on pouvait louer jusqu'alors la pudeur et la retenue.
Un jour mon prince, Flavia Coste, France, sortie le 11 janvier 2017
On a bien besoin de contes de fées par les temps qui courent. Avec une relecture moderne de la Belle au bois dormant, par exemple, et le carambolage avec le Paris d'aujourd'hui. Un jour mon prince, premier film de Flavia Coste, embarque sans crainte vers un univers à part avec un gros risque, celui de la niaiserie. Un écueil que le film ne contourne pas vraiment, certaines scènes consternant par un humour et des gags au ras des pâquerettes. Pour être juste, la fraîcheur des comédiennes québécoises ainsi que les costumes et quelques décors apportent un peu de fantaisie et évitent au film de devenir ridicule. Pour la poésie et la grâce, en revanche, il faudra revenir à Peau d'âne ou à la Belle et la Bête.
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