Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Chroniques rochelaises (3)

Le morceau de choix du jour, ce devait être Mountains may depart de Jia Zhang-ke. Las, le cinéaste chinois est bien loin du niveau d'A Touch of Sin. Consolation avec l'excellent film britannique, 45 ans.

 

KOZA de IVAN OSTROCHOVSKY

 

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Koza, en slovaque, signifie chèvre. C'est aussi le surnom du héros du film éponyme qui dresse le portrait d'un ancien boxeur qui a participé aux J.O d'Atlanta et qui survit près de 20 ans plus tard de combats minables dans lesquels il finit régulièrement victime d'une commotion. Ce n'est évidemment pas un film qui respire la gaieté avec son héros que les coups semblent avoir quelque peu rendu "idiot" pour être poli. Un triste destin pour cet anti Rocky tourné dans une veine très naturaliste, presque sordide, qui n'étonnera pas les habitués des cinémas d'Europe centrale. Il y a assez peu de chances de voir Koza sortir en France mais sait-on jamais ?

 

 

MOUNTAINS MAY DEPART (Shan he gu ren) de JIA ZHANG-KE

 

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Analyste sans concessions de l'évolution de la société chinoise entrée avec fracas dans le monde capitaliste, Jia Zhang-ke remet le couvert avec Mountains may depart, film en trois segments, en des temps différents de 1999 à 2025.  Avouons-le tout net. Après A Touch of Sin, d'une violence et d'une acuité saisissantes, c'est une véritable déception. Là où certains pourront parler de lyrisme, on peut voir aussi une certaine mièvrerie, qui commence déjà par ses leitmotive musicaux. Les trois parties sont reliées entre elles par ses personnages principaux, à l'évolution très différente, mais aucune ne suscite vraiment l'adhésion, et surtout pas la dernière située en Australie et dans un proche futur. On retrouve bien la patte de Jia de temps à autre mais l'ensemble parait comme édulcoré (problème de censure ?) et presque banal avec quelques coquetteries esthétiques gratuites en sus. 

Sortie sur les écrans le 23 décembre.

 

 

45 ANS (45 Years) de ANDREW HAIGH

 

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On se souvient vaguement du petit charme de Weekend, le précédent film du britannique Andrew Haigh. 45 ans est d'un tout autre calibre dans un registre pourtant assez balisé dans le cinéma anglais de l'étude psychologique du couple. Dans ses meilleurs moments, par son ton, légèrement ironique et très touchant, il fait penser aux films des débuts de David Lean (Brève rencontre, Les amants passionnés). La réussite de 45 ans tient d'abord par son scénario, admirablement écrit. Ce vieux couple, qui s'apprête à fêter ses 45 ans de mariage et qui habite la campagne de l'est de l'Angleterre semble s'adorer et n'avoir aucun secret l'un pour l'autre. Sauf que non et le film montre comment une histoire d'amour plus ancienne que leur union mais non avouée peut venir ébranler un édifice patiemment construit année après année et remettre en cause ce ciment que l'on appelle confiance. C'est fin, délicat, mis en scène sans génie, certes, mais interprété de façon magistrale par Charlotte Ramplling et Tom Courtenay. Un film qui touche au coeur des sentiments et tire quelques larmes en son dénouement.

Sortie le 26 novembre.

 

 

PURSUIT OF LONELINESS de LAURENCE THRUSH

 

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En noir et blanc, avec des acteurs non professionnels et sur une base documentaire. Pursuit of Loneliness annonce la couleur si l'on peut dire : ceci est un film au plus proche de la réalité, notamment celle de l'hôpital et des décès qui y sont enregistrés. On peut y voir une version austère et très réaliste d'Urgences mais le film a un autre aspect, de fiction celui-ci, même si celle-ci s'appuie toujours sur une grande crédibilité dans son déroulement. Il y question des démarches entreprises pour retrouver les proches d'une patiente morte une nuit à l'hôpital, une solitaire dont on ne lui connait aucune famille. Là, le thème rappellera forcément Une belle fin mais inutile de préciser que le traitement n'est pas le même. Le film souffre cependant de se disperser quelque peu et d'abandonner en cours de route son sujet principal ou, plus précisément de l'enrichir d'un luxe de détails qui le détournent quelque peu de son ambition initiale. Commercialement, Pursuit of Loneliness risque fort de peu attirer le chaland. Et c'est dommage car il a bien des qualités.

 

 

 

 



29/06/2015
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