Glanage de vieux films (Avril/2)
Ulysse (Ulisse, Mario Camerini, 1954)
Un péplum gonflé à l'hélium. Camerini connait son affaire. Du Homère d'alors, beaucoup de péripéties ont été supprimées au profit d'une psychologie plutôt fouillée pour un film de genre. Amnésique sur la plage, Crique Douglas est un Ulysse pas lisse. Nausicaa (ah, Rossana Podesta) lui fait du plat, comment résister ? Pendant ce temps là, Pénélope n'arrête pas d'aller tisser tandis qu'Anthony Couine. Bon, la mémoire revenant à notre héros, nous avons droit à l'alerte des sirènes, au cyclope aviné qui n'a plus les yeux en face des trous, à Circé qui ne donne pas sa part aux cochons. Dans un double rôle : Pénélope/Circé, Silvana Mangano montre tous les subtilités de son jeu. Ulysse revient après avoir consulté le programme de Télémaque. Il saura bander son arc, ses muscles et, euh, le reste, et Pénélope l'accueillera enfin en sa couche. Quelle Odyssée ! Pas loin d'être un bon film, finalement, fidèle à Homère, et pas ridicule du tout, Douglas portant avec dignité le slip de bains.
Hangover Square (John Brahm, 1945)
Prenez des personnages bien dessinés : un musicien brillant, au physique ingrat et à la double personnalité ; une chanteuse arriviste aussi appétissante qu'une meringue (Linda Darnell) ; un enquêteur aux moelleuses manières qui n'est pas sans rappeler Sherlock Holmes (George Sanders). Nappez dans le brume londonienne de l'année 1903 et saupoudrez d'images tout en contrastes, dans un noir et blanc goûteux. N'oubliez pas de relever de quelques crimes horribles. Cette recette du chef John Brahm, auteur également d'un Jack L'éventreur savoureux, n'est certes pas épicée mais elle comblera une petite faim de cinéma de genre. Bon appétit !
PS : L'acteur principal, Laird Cregar, qui avait perdu 40 kilos pour le rôle est mort d'une crise cardiaque peu après le tournage. Le co-scénariste du film a pour nom Barré Lyndon. Cela ne s'invente pas.
Krotkaya (Aleksandr Borisov, 1962)
Unique film dirigé par l'acteur Aleksandr Borisov, l'adaptation d'une nouvelle de Dostoïevski. Cela commence plutôt bien avec une défenestration et des vues de Saint-Pétersbourg, dans un noir et blanc épuré. Mais la mise en scène se révèle vite pompeuse et pesante et l'interprétation à peine correcte. Excès de théâtralité, voix off pénible, le résultat est d'un piètre niveau.
Le départ (Jerzy Skolimowski, 1967)
Hors de Pologne, où il est censuré, Skolimowski pose ses valises à Bruxelles, le temps d'un film. Pas son meilleur, loin dé là. Déstructuré façon Godard, ce récit des mésaventures d'un garçon coiffeur qui rêve de participer à un rallye est inconstant dans sa recherche du burlesque et de l'absurde. J.P Léaud est horripilant.
Deep End (Jerzy Skolimowski, 1970)
Dans la continuité du Free Cinema des Richardson, Schlesinger, Reisz et consorts, Skolomowski s'intègre parfaitement avec ce film initiatique qui, de l'ironie grinçante du début, avec la description d'un établissement de bains et de ses clients, bascule dans le romantisme fou d'un premier amour jusqu'au drame. Un brin surcoté, car non exempt de maniérisme, le film montre une liberté de ton, un sens abrupt de la mise en scène, dans un scénario rehaussé par un montage au rasoir.
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