Cinéphile m'était conté ...

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Nouveaux passages en Dwan

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Allan Dwan et Barbara Stanwyck sur le tournage de La reine de la prairie (1954)

Allan Dwan (1885-1981) a énormément tourné, souvent avec de petits budgets, n'obtenant jamais qu'une reconnaissance polie de bon artisan. Sa carrière, de 1911 à 1961, est pourtant impressionnante, notamment à l'époque du muet où il fait tourner les plus grands : Swanson, Pickford, Fairbanks... Il a signé ensuite quelques films devenus des classiques comme Iwo Jima, Deux rouquines dans la bagarre, La belle du Montana, La reine de la prairie ou Quatre étranges cavaliers. Vu sa production prolifique, tout cinéphile trouvera toujours un Dwan inconnu à se mettre sous la dent. Et c'est tant mieux. En voici trois, plutôt rares, qui viennent d'être diffusés par le Cinéma de Minuit.

 

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Surrender, 1950
Deux soeurs s'installent dans une petite ville à la frontière mexicaine. L'une d'entre elles semble fuir un passé compromettant. Surrender, hormis pour sa poursuite finale, ressemble davantage à un film noir qu'à un western. Notamment pour son portrait de femme fatale, limite psychopathe soit dit en passant, dans un scénario qui est un rien misogyne (euphémisme). La mise en scène de Dwan est carrée comme toujours mais l'histoire manque de simplicité et l'interprétation de Vera Carlston est calamiteuse, pas crédible une seule seconde dans un rôle qui aurait été à la mesure d'une Hedy Lamarr. Par bonheur, elle est entourée d'excellents comédiens dont le formidable Walter Brennan.

 

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Angel in exile, 1948
Tout juste libéré de prison, un malfrat n'a d'autre but que de récupérer l'or que son compère a dissimulé dans une mine désaffectée. C'est sans compter sans ses anciens complices et le hasard qui le met en présence d'une communauté mexicaine. Commencé comme une série B sans envergure, le film bifurque vers mi-parcours vers le social, le romantique et même le mystique. Surprenant, mais bien plus poignant que les quelques scènes d'action. L'occasion de s'intéresser au destin de l'acteur John Carroll qui, avec sa petite moustache bien taillée, a tout du Clark Gable du pauvre. Il n'a pas fait la même carrière que ce dernier. Moins de chance mais surtout beaucoup moins de charisme.

 

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La femme qui faillit être lynchée (Woman they almost lynched), 1953
Pendant la guerre de Sécession, Sally Maris hérite du saloon de son frère. Au grand dam de la jeune femme, l'établissement est fréquenté par la bande de Quantrill, des hors-la-loi qui profitent de la situation de la ville, située en terrain neutre entre l'avancée des troupes nordistes et sudistes, pour y commettre leurs exactions. Quel western original, rapide, et dont l'évolution de la psychologie des personnages sidère. Film de femmes puis que madame le maire y fait régner la loi alors que la tenancière de saloon impose son caractère tant aux sudistes, aux nordistes qu'aux bandits de grand chemin, parmi lesquels un très jeune Jesse James. Le scénario réserve son lot de surprises dans le respect des codes du western dont un duel au revolver, exclusivement féminin lui aussi. On pourrait croire à une parodie mais c'est l'inverse, la frontière entre bons et méchants s'estompant totalement sous le regard tendre (mais oui) de Dwan.

 



03/05/2015
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