Mélo Matarazzo
Raffaello Matarazzo n'a pas tourné que des mélodrames, mais il est surtout connu pour avoir fait pleurer dans les chaumières italiennes, dans l'immédiat après-guerre avec ses films lacrymaux. Le grand éditeur américain Criterion a sorti un coffret avec 4 de ses oeuvres les plus marquantes. Il faut les voir pour le croire.
Le mensonge d'une mère (Catene, 1949)
Premier mélo de Matarazzo et gros succès au Box Office italien. Mama mia, c'est vraiment trop : la maman qui voit débarquer un amant d'avant son mariage, escroc minable et toujours amoureux ; le père, macho au coeur tendre ; les enfants, adorables. Même la belle-mère est sympathique, c'est dire. Et tout ce petit bonheur serait remis en question par le chantage de ce pignouf surgi du passé ? Pas de ça, Lisette ! Le scénario est plus chargé que l'haleine d'un crocodile et il y a un moment où l'on se dit, c'est pas vrai, ils ne vont pas oser. Et si, ils osent. Espérons que les autres mélodrames de Matarrazo sont meilleurs, parce que sinon ...
Bannie du foyer (Tormento, 1950)
Anna n'a pas beaucoup de chance. Chassée de chez elle par la seconde épouse acariâtre de son père, elle se fiance avec un honnête homme qui en prend pour 20 ans pour un crime qu'il n'a pas commis. Par ailleurs, elle est enceinte. Ca, c'est pour la première demi-heure, Anna n'a pas fini de souffrir. Matarazzo reprend ses acteurs fétiches, Amadeo Nazzari et Yvonne Sanson (aussi connus que le couple Loren/Mastroianni, en Italie, à l'époque) et rajoute couche sur couche dans le mélodrame. Ce n'est pas sans rappeler certains films du mexicain Emilio Fernandez, mais ce dernier avait un style, une flamboyance, que l'on ne trouve pas ici. C'en est presque grotesque.
Fils de personne (I figli di nessuno, 1951)
Le plus réputé des mélos de Matarazzo, et ce n'est pas usurpé. C'est très gratiné, mais bien écrit et habilement construit pour faire pleurer des torrents de larmes dans les chaumières. L'aspect social, avec l'exploitation des ouvriers dans les mines de Carrare donne un fond solide au film. Toujours le couple Nazzari/Sanson flanqué ici d'une Françoise Rosay, particulièrement méchante. Elle fait partie d'une collection d'enfoirés, désolé pour l'expression, hauts de gamme, qui s'opposent à des personnages au coeur d'or. Manichéen ? C'est peu de le dire. Et d'une efficacité à redoutable. En plus, il y a une suite, tournée 4 ans plus tard.
La femme aux deux visages (L'angelo bianco, 1955)
Le film reprend là où Fils de personne s'était arrêté. Guido, après avoir perdu son fils à la fin de ce dernier, voit sa fille disparaître au bout du premier quart d'heure. Ca, c'est fait. Il tombe ensuite sur le sosie parfait de son ancienne fiancée. On s'attend alors à quelque chose du genre de Sueurs froides. Que nenni, la fille en question est emprisonnée -elle a de mauvaises fréquentations- et elle est enceinte. Le final dans la prison avec mariage, prise d'otages, incendie et tutti quanti n'est pas racontable. Tellement énorme que ça en devient fantastique. A noter que, dans ce dernier opus, le style néo-réaliste a fait place à une manière quasi hollywoodienne.
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