Cinéphile m'était conté ...

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Mélancolie du temps qui passe (Un amour de jeunesse)

Bien évidemment qu'il existe un lien de parenté entre les trois premiers films de Mia Hansen-Love : comment survivre après un deuil ou une rupture, le temps qui passe, entre autres. Mais plus encore que Tout est pardonné ou Le père de mes enfants (le meilleur film de la "trilogie"), Un amour de jeunesse se caractérise par ce qu'on pourrait appeler sa beauté intérieure, pas forcément immédiate à la vue de ce film qui ne cherche pas à être aimable à tout prix. Un amour de jeunesse est géométrique alors que la majorité des films préfère la rotondité. Hansen-Love s'attache à des précisions géographiques et topographiques, dignes d'un Modiano, ainsi que temporelles. Exactitude des lieux et des temps qui cachent pudiquement la force des sentiments. Les dialogues sont souvent accessoires, parfois recouverts par la musique ou partiellement inaudibles, la cinéaste s'exprime avant tout par l'image. Sa science du découpage et du montage fait merveille : elle installe une atmosphère en quelques plans très courts, capte des états d'âme à la volée, sans paroles, et suggère l'évolution de son héroïne, sans avoir l'air d'y toucher. Cette grammaire cinématographique, elle est l'une des rares à la maîtriser, en France (avec Honoré, parfois). Elle use d'ellipses narratives avec un talent rare et saisit le rythme de la ville (scènes furtives de bus, métro, gares, cafés) et celui, paisible, de la nature. Point besoin de mots, pour faire avancer son film, cela tient du prodige, comme si elle revenait aux sources du cinéma muet. Un amour de jeunesse passe comme un songe, mélancolie de souvenirs qui forgent une vie d'adulte à venir. C'est beau.
 
 


23/07/2011
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