La mécanique de la bonne conscience (La bella gente)
Sorti en salles le 16 février dernier. Rattrapé in extremis en VOD. Bonne pioche !
Alfredo et Susanna sont heureux. Leur vision du monde est libérale, comme leurs métiers. Ils sont aisés, mais pas trop. Bourgeois, mais sans oeillères. Du moins en apparence. Révoltée par le traitement que subit une très jeune prostituée, Susanna décide de la "kidnapper" et de lui offrir un toit, au moins pour un temps. Appelez cela comme voulez, c'est un geste qui correspond aux convictions du couple. La bella gente, oui, ce sont des gens bien, qui veulent aider leur prochain et faire quelque chose d'utile. Quelle illusion ! Patiemment, sans esbroufe, avec une simplicité rafraichissante, le réalisateur, Ivano de Matteo, démonte la mécanique de la bonne conscience et de l'altruisme désintéressé. Et fait remonter à la surface, au fur et à mesure de l'intégration de la jeune femme, des instincts basiques comme la jalousie, la paranoïa ou la crainte de voir ses certitudes se fissurer. Une pute dans un foyer, c'est forcément une bombe à retardement, pense Susanna, dont la si belle générosité pourrait bien dissimuler la peur de vieillir et de voir sa vie confortable ébranlée. Lâcheté des hommes, hostilité des femmes entre elles, La bella gente est d'une amertume profonde concernant notre pauvre condition humaine et nos préjugés sociaux. Le tout, dans un récit prévisible, certes, mais jamais démonstratif ni moralisateur. Un film bello !
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