Cinéphile m'était conté ...

Il est très tentant de s'essayer à comparer A propos d'Elly et Une séparation, les deux derniers films d'Asghar Farhadi (A noter que le long-métrage qui les a précédés, La fête du feu, ressort à Paris, début juillet). Pour faire court, on pourrait dire qu'Elly était avant tout un film de metteur en scène et qu'Une séparation est davantage une oeuvre de scénariste, réalisée avec moins de brio, mais pour mieux coller à l'histoire, plus intimiste, d'une certaine façon, quoique cette dimension était aussi présente dans son film précédent. Ce qui est important, c'est l'écriture de Farhadi, qui donne à son histoire une intensité qui va crescendo, avec cette idée que chacun s'arrange avec ses propres vérités, et que personne n'a tort, en définitive. Derrière tout cela, c'est de lutte des classes dont parle Une séparation, entre la petite bourgeoisie, presque occidentalisée, et le peuple, qui vit au jour le jour. Le fossé est béant et il y a conflit entre deux modes de pensée, des relations très différentes vis-à-vis de la religion (certaines scènes sont très claires sur le sujet) et, même si ce n'est que sous-jacent, dans les rapports avec le pouvoir des mollahs. Pour apprécier pleinement Une séparation et se laisser prendre au vertige de son récit, le mieux est d'en savoir le moins possible avant d'entrer en salle. Précisons juste que les prix collectifs d'interprétation obtenus à Berlin, tant pour les acteurs que pour les actrices (en plus de l'Ours d'or) est parfaitement justifié. Farhadi, il l'avait déjà montré dans Elly, est un maître pour obtenir la note juste de la part de ses comédiens, enfants et vieillard compris. Une séparation est tout bonnement l'un des 2 ou 3 meilleurs films sortis depuis le début de l'année en France. Et ça, ce n'est pas négociable.