Ite missa est ! (Habemus papam)
Ceux qui s'attendaient à ce que Nanni Moretti signe un brûlot anticlérical, dans Habemus papam, en seront pour leurs frais. Le film est bien plus subtil que cela. Une bonne petite demi-douzaine de lectures peut être faite de ce film (sous l'ange psychanalytique, entre autres), qui n'est pas loin d'être le meilleur du cinéaste. Il est "morettien" en diable (pardon pour le sacrilège), avec un fond grave (mais pas désespéré) et humaniste, constamment contaminé par un burlesque qui éclate dans plusieurs scènes d'anthologie (la partie de volley-ball en plein conclave). Le sujet, en lui-même, est très original. Comment un pape fraîchement élu, se révèle totalement incapable, moralement et par conséquent physiquement, d'assumer sa fonction. Il prend alors la tangente et se fond dans la foule romaine, anonyme. On est finalement très proche d'un film d'évasion de prison, sachant que tout le Vatican se mobilise pour retrouver le fuyard, tout en tentant de juguler l'attente de la presse et des fidèles. Michel Piccoli est admirable dans un rôle quasi muet dont le visage traduit tour à tour l'incompréhension, la panique, l'hébétude, le ravissement ... Une interprétation royale ! Il faut le voir, au théâtre, dans l'émotion pure devant une représentation de La mouette de Tchekhov. Un beau et bon film, impertinent, cocasse et moqueur. Ite missa est !
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