Les tribulations d'un cinéphile à La Rochelle (8)
Scènes 22 à 24 :
Tout roule chez Raoul
Un dernier mystère est levé : la serveuse blonde du bar de La Coursive se prénomme Marie. Résumon l'affaire : la grande brune jolie et la petite blonde euh, jolie, s'appellent toutes les deux Marie. Pleines de grâce, cela va sans dire. Un rayon de soleil pour le premier café du matin avant d'entamer les hostilités.
J'ai un peu snobé la rétrospective Walsh, depuis le début du festival, pour la raison que j'ai tout vu dans le passé. Cependant, sur grand écran, c'est tout de même autre chose. Vérification ce matin avec La grande évasion (High Sierra, 1941), film noir que Walsh remaka en western 8 ans plus tard (La fille du désert). C'est un film important pour le réalisateur qui le fit quitter les séries B et entrer dans le panthéon des grands cinéastes. Et c'est aussi le premier rôle important de Bogart qui sourit souvent dans le film, ce qui n'est pas si courant. Et puis, il y a Ida Lupino, sublime dans la fragilité. Comme une Ida du bonheur possible. La grande évasion est menée de main de maître dans les grands espaces de la Californie, sans laisser une minute de répit. Pas le plus grand des Walsh ? Et alors ? Tout roule chez Raoul et bien des films contemporains semblent des omnibus à côté de ce TGV.
Dans la série "film latino-américain languissant", un nouvel échantillon se présente avec le mexicain (même si le réalisateur est espagnol) Ici et là-bas. Le quotidien d'un père de famille revenu des Etats-Unis et qui devra y repartir pour nourrir sa petite famille. Un film qui se concentre sur des détails et de simples gestes. Trop peu pour créer une empathie durable. Décevant.
Sortie non encore programmée.
Et voici le deuxième choc portugais de la semaine. Après Liens de sang et dans un genre très différent, Tabou séduit à son tour. Comme Joao Canijo, Miguel Gomes prend son temps (2 h 00) pour installer ses splendides images en noir et blanc et nous balader un temps dans le Portugal contemporain. Avant la grande bascule dans le Mozambique colonial, le film devenant muet, mais sonore, avec une voix off qui complète et contredit parfois ce qui est montré à l'écran. Une grande histoire d'amour prend alors vie sous nos yeux, lyrique, poétique et d'un romanesque fou. A sa manière, Miguel Gomes réinvente les codes de la narration au cinéma, dans un style fiévreux et doux à la fois, chargé de romantisme, de mélancolie d'humour et de musicalité. A un moment, j'ai regardé ma montre et cru qu'il restait encore une heure de film. Le générique de fin est apparu 5 minutes plus tard. A ne pas manquer à sa sortie, le 5 décembre. Je le reverrai, alors, sans l'ombre d'un doute pour apprécier toute sa richesse.
Demain : Bosnie, Algérie et le nouveau Gondry. Plus deux documentaires moyens-métrages consacrés à Walsh et Lubitsch. J'ai bien peur de négliger ces chères Marie.
A suivre, au fil(m) de l'eau.
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