Cinélatino dans la ville rose (3)
Un mauvais film suivi d'un très bon : c'est la loi (et le plaisir) des festivals, on ne sait jamais à quoi s'attendre surtout si l'on ignore pratiquement ce que l'on va voir.
Commençons par le BRESIL et Absence (Ausência) de Chico Teixeira.
A 15 ans, Serginho, qui travaille sur les marchés, se retrouve pilier d'un foyer où le père a pris la fuite tandis que la mère boit. Ce qui manque le plus dans Ausência, c'est l'existence d'une véritable intrigue, remplacée par des vignettes naturalistes qui sonnent vrai (Teixeira vient du documentaire) mais se révèlent répétitives et ennuyeuses à la longue. Qui plus est, le récit ne nous éclaire en rien sur le rapport de Serginho avec un adulte qu'il visite régulièrement : ami ? substitut au père ? amant ? Des scènes semblent plaquées et souvent sans intérêt (le cirque) censées refléter un certain contexte socio-économique tout en restant dans le registre intimiste.
Marco Berger, lui, à 38 ans, en est déjà à son quatrième long-métrage. Papillon (Mariposa) nous vient d'ARGENTINE.
Dans Mariposa, Marco Berger confronte deux "réalités" parallèles, les intrigues se ressemblent, les personnages portent les mêmes prénoms et sont joués par les mêmes acteurs (mais avec des coupes de cheveux différentes). Le réalisateur raccorde les deux histoires par des faits proches et passe de l'une à l'autre avec virtuosité. Le papillon du titre nous rappelle qu'un de ses battements d'ailes peut créer deux mondes presque similaires, à quelques détails près. Le film pourrait ressembler à du Rohmer, sous forme de marivaudage, s'il n'était bien plus transgressif, confrontant le spectateur à sa propre morale. Un frère et une soeur (adoptifs) qui s'aiment, des hommes entre eux, le film déjoue tout drame avec son ton ludique, élégant, sensuel et parfois humoristique. Une vraie petite perle pour peu que l'on en accepte les règles du jeu. Et un coup de coeur, dans ce cas.
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