Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Les tribulations d'un cinéphile à La Rochelle (10)



Scènes 29 à 32 :
Clap de fin


Voilà, c'est terminé. 32 films visionnés en 9 jours. Bien sûr, j'aurais pu en voir davantage, revenir vers Walsh et Cassavetes, découvrir des Wertmuller, les premiers Canijo et Gomes, voir des documentaires et d'autres films tibétains, réexplorer la filmographie d'Anouk Aimée, assister à des rencontres avec des réalisateurs, passer une nuit blanche avec Silvana Mangano, me prélasser sur un transat, cette nuit, pour regarder à nouveau La nuit américiane, de Truffaut, en plein air. Oui, mais pour être festivalier, on n'en reste pas moins humain. Et il faut être raisonnable. Relativement. Et puis, il y a d'autres souvenirs que les films : des rencontres, des discussions animées, des sourires et des effluves de mer, le matin, au port de La Rochelle.

Je me souviendrai de Pierre, Viviane, Michel et des autres, de ces conversations amicales dans les files d'attente, qui ont fait passer 1 heure 30 et davantage en un clin d'oeil. Et des fous rires, parfois, pour quelques jeux de mots approximatifs et badinages légers.
Je voudrais rendre hommage à l'homme au chapeau de paille, le grand ordonnateur des séances au Dragon, toujours de bonne humeur et drôle. Je me rappellerai ce couple, dans une queue, qui mangeait des sushis, assis sur le bitume, pour changer de l'ordinaire des sandwiches, parce que c'était son anniversaire à lui. Et puis la lumière blonde de Sandrine Bonnaire et de sa soeur, aujourd'hui, fendant la foule. Et puis Anouk Aimée, Agnès Varda et tous les metteurs en scènes croisés. Sans oublier Piccoli déjeunant d'huitres et de muscadet à quelques tables de la mienne.

Enfin, un chaste baiser aux deux Marie, du bar de la Coursive, houspillées parfois par des festivaliers trop pressés et pleins de morgue. Je leur ai dit simplement qu'elles avaient été mes rayons de soleil lors de ces journées. La petite jolie blonde et et la grande jolie brune. Ayant le mail de cette dernière, je vais lui transmettre l'adresse de ce blog, ce qui lui permettra de lire toutes les idioties que j'ai pu écrire à son sujet. Brune et blonde Marie, j'espère vous revoir l'année prochaine à La Rochelle. Sinon, le soleil brillerait moins fort.
Allez, clap de fin !

J'ai commencé la journée par un muet de Benjamin Christensen, Nuit vengeresse (1916). Pas mal, d'ailleurs, ce drame policier, mais j'ai quitté la salle avant la fin, peu concentré et désireux de manger en terrasse pour la dernière fois.


Présenté à Cannes en ouverture de la Semaine de la Critique, le premier film du britannique Rufus Norris, Broken, a favorablement impressionné les festivaliers. Un témoignage sur la violence sociale en Angleterre à travers les yeux d'une adolescente de 13 ans, qui pourrait être comparé à Fish Tank si le style de Norris n'en était pas aussi éloigné. Le cinéaste débutant est déjà un fieffé manipulateur, brillantissime dans sa mise en scène, qui fait passer cette oeuvre au noir au tamis de la fantaisie, de l'humour et de la tendresse. Bien que trop chargé de drames, surtout vers la fin, Broken est un vrai bonheur de cinéma, constamment inventif et surprenant. Tim Roth, formidable, se fait voler la vedette par le tempérament de la jeune Eloise Laurence, soufflante de talent. Il y a pas de mal d'esbroufe dans le film, mais c'est pour la bonne cause et l'émotion qui s'en dégage est indéniable.
Sortie : le 22 août.


De bonnes intentions dans le premier long-métrage de Sandrine Bonnaire, J'enrage de son absence, et une première heure bien tenue. Sensibilité, acuité des sentiments, douleurs rentrées, ce film sur les retrouvailles d'un ancien couple 8 ans après la mort de leur petite fille, aurait pu être une vraie réussite. Malheureusement, la suite est une succession de scènes à la lourde psychologie qui gâche la bonne impression initiale et où le grand William Hurt semble tétanisé. Quant à Alexandra Lamy, méritante, il lui manque un petit quelque chose pour être à la hauteur d'un rôle dans lequel aurait excellé une ... Sandrine Bonnaire.
Sortie : le 31 octobre


Cela cafouille pas mal dans Reality de Matteo Garrone, Grand Prix du Jury à Cannes, cette année. Avec son scénario qui est tout sauf limpide (Gomorra, malgré ses qualités, avait le même problème), l'émergence d'un thème central se fait attendre très longtemps. Il arrive enfin avec la névrose de ce poissonnier napolitain qui vient à croire qu'il va être choisi pour participer à la plus célèbre émission de téléréalité italienne, Grande Fratello. Garrone passe à côté de la critique de ce phénomène de société se dispersant dans des scènes inutiles et ne parvient qu'en de rares moments à traiter son sujet, soit l'abandon du réel par un quidam moyen pour un monde imaginaire. Pas franchement raté, mais loin d'être réussi.
Sortie : le 3 octobre


Petit classement personnel et subjectif des avant-première :

cheers cheers cheers cheers
1 Tabou (Gomes)
2 Historias (Murat)
3 Liens de sang (Canijo)

cheers cheers cheers
4 Holy Motors (Carax)
5 Amour (Haneke)
6 Broken (Norris)
7 A perdre la raison (Lafosse)
8 Djeca (Begic)
9 Unfair World (Tsitos)
10 Despues de Lucia (Franco)

cheers cheers
11 Le repenti (Allouache)
12 Reality (Garrone)
13 La Sirga (Vega)
14 J'enrage de son absence (Bonnaire)
15 Best Intentions (Sitaru)
16 Old Dog (Tseden)
17 Ici et là-bas (Esparza)

cheers
18 Le jardin d'Hanna (Friedlich)
19 Trois soeurs (Mumenthaler)
20 The We and the I (Gondry)
21 Aujourd'hui (Gomis)
22 De jueves a domingo (Sotomayor)

Les deux meilleurs films du festival restant pour moi Larmes de joie (Monicelli) et Les années difficiles (Zampa).

Demain : rien !

A suivre, au fil(m) de l'eau ..., l'année prochaine.


FIN


09/07/2012
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