Les six derniers jours du monde (Le cheval de Turin)
Le monde a été crée en 6 jours. Dans Le cheval de Turin, il s'éteint durant le même laps de temps. 30 plans séquences composent le film, qui dure 2h26. Un homme, sa fille, un cheval vieillissant. Dehors, le vent souffle en tempête. Dedans, la routine du quotidien : elle l'habille, ils mangent une pomme de terre bouillie, avec les doigts, il ou elle regarde par la fenêtre. De longs silences. Un cheval rétif. L'eau que l'on prend au puits. Et puis, l'obscurité. La fin. Les habitués du cinéma de Bela Tarr y retrouveront un univers familier. C'est néanmoins son film le plus sombre, le plus aride, le plus lancinant avec ce thème musical hypnotique, qui revient comme un leitmotiv. Exigeant, fascinant, désespéré, Le cheval de Turin n'ennuie pas (question de point de vue, évidemment), de par ses subtiles variations sur la répétition des gestes de chaque jour. Ses images en noir et blanc sont grandioses, surtout celles de l'extérieur, comme échappées d'un film muet soviétique ou nordique (Sjöström, Dreyer). Radical, rude, fruste, le film a des allures de testament. Un adieu au monde. Et au cinéma, puisque Tarr affirme qu'il a réalisé là, son ultime film.
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