Promenade dans les hautes herbes (La ballade de l'impossible)
Depuis une expérience désastreuse avec l'adaptation de son premier roman, Haruki Murakami avait jusqu'à récemment toujours refusé de céder les droits de ses livres au cinéma. Tran Anh Hung, le réalisateur de Cyclo et de L'odeur de la papaye verte, un peu perdu de vue depuis quelques années et auteur d'un effroyable film anglophone inédit dans nos salles (Je viens avec la pluie), amoureux des romans de Murakami depuis longtemps, a finalement obtenu son accord pour filmer La ballade de l'impossible. Si Tran est respectueux de l'oeuvre de l'auteur, dans ses thèmes et obsessions (la voix off est parfois trop présente), il n'a pas moins coupé de longues parties du livre et imprimé sa propre griffe. Le résultat ? Il est mitigé. On est parfois un peu perdu dans les couches de temporalité, à ce stade là il n'est plus questions de flashbacks, mais d'interpénétration sensitive des différentes époques et des relations amoureuses. D'un autre côté, le film est très beau, peut-être trop esthétique d'ailleurs, avec plusieurs moments de cinéma exceptionnels comme cette promenade accélérée dans les hautes herbes qui est une scène de révélation, aussi "essoufflante" pour les personnages que pour les spectateurs. Et que dire des gros plans d'actrices, d'une incroyable sensualité, à ressentir pratiquement le grain de peau ? Et de la somptueuse glorification de la nature à chaque saison ! Tout cela donne un magma de sensations, mais pas d'émotion véritable, comme une oeuvre virtuose, trop consciente de sa beauté, et qui a un peu oublié son sujet au passage.
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