Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Le majordome était une femme (Albert Nobbs)

Encore une splendide performance d'actrice au service d'un film qui ne le (la) mérite pas ! Mais ne comparons pas Meryl Streep dans La dame de fer et Glenn Close dans Albert Nobbs, le sujet de la deuxième oeuvre, quoiqu'on puisse de son traitement, bénéficie d'une écriture autrement plus subtile que la bouillie thatchérienne de la première. Le point de départ est une novella écrite vers 1920 et transposée sur scène en 1982, avec déjà Glenn Close dans le rôle titre. Nul doute que le sujet lui tient à coeur puisqu'elle a participé au scénario du film au côté du célèbre écrivain irlandais John Banville. Albert Nobbs est profondément ancré dans le Dublin de la toute fin du XIXe siècle, où une épidémie de typhoïde n'était pas rare au contraire du travail, avec une forte émigration vers l'Amérique à la clé. Majordome dans un hôtel chic, Albert Nobbs est une femme travestie depuis des années sans que personne n'ait ait eu l'ombre d'un soupçon. Les décors et les costumes sont impeccables, la mise en scène, certes empesée et pincée, ne brille pas par son originalité, mais elle est, somme toute, à l'image de son personnage principal, dans cette atmosphère victorienne qui a du mal à refouler les remugles venues de la rue. Albert Nobbs est un mystère, les élans de son coeur sont insondables et c'est bien ainsi que Close l'interprète, le visage figé (à l'aide d'une prothèse relativement discrète), à part des yeux qui expriment assez souvent la panique, celle d'être découverte. Une face de cire qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle du mime Marceau, en moins vivante. N'oublions pas, dans un rôle opposé, l'excellente composition de la fraîche et frêle Mia Wasikowska, laquelle forme avec Albert un couple aussi ambigu que possible, ce qui permet d'introduire un soupçon d'humour dans une intrigue qui ressemble à un étau qui se resserre peu à peu. Le côté pathétique et illusoire de cette existence de femme comprimée, y compris au sens physique du terme, se libère in fine dans les ultimes scènes qui laissent échapper, enfin, un souffle d'émotion.

 




22/02/2012
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