La semaine d'un cinéphile (21)
Dimanche 5 février 2017
Depuis que j'ai lu cette phrase, de je ne sais plus qui d'ailleurs, qui disait que l'âge venant, l'on prenait soudain conscience qu'il ne serait possible de connaître toute l'oeuvre d'un cinéaste contemporain, surtout parmi les plus jeunes, car le temps qui nous reste se raccourcit, inévitablement, avant la fin qu'on a beau souhaiter la plus lointaine possible. Ce n'est pas très gai, mais c'est ainsi : verrai-je les films de Dolan, tournés dans les années 2030, ou ceux de Jeff Nichols ou de Justine Triet ? Le genre de pensées, fugaces certes, qui vous prennent un dimanche avec une céphalée terrible et des nausées intermittentes. Vivement lundi !
Lundi 6 février
Les jeunes générations de cinéphiles connaissent-elles Nicholas Ray. Il a l'image d'un cinéaste un peu maudit et rebelle qui eut du mal à composer avec les studios hollywoodiens. Pas faux, mais il nous reste de vrais grands films, un peu "malades" et romantiques dans la plus mortifère acception du terme, même si on lui imposa parfois des happy ends. Je retiens Le violent, Derrière le miroir, Traquenard et Johnny guitare dans mon panthéon. Pas vraiment La fureur de vivre (Rebel without a Cause), que je n'ai pas revu depuis longtemps et qui reste le plus connu de ses films. Loving et La La Land, au détour d'une scène lui rendent d'ailleurs un hommage plus ou moins direct : les courses de voitures dans l'un, l'Observatoire Griffith dans l'autre. Ca donne de se refaire l'intégrale de ce bon vieux Nick. Un jour, sans doute.
Mardi 7 février
Après la visite à mon médecin, je me sens (un peu) mieux. Je vais attendre pour faire mon testament. Du coup, j'ai réservé mon pass pour le Cinélatino de Toulouse. J-38. A propos de festival, la Berlinale a commencé hier. J'aimerais y aller un jour, avec plus d'envie que pour Cannes et Venise. Parce que j'adore la ville, aussi, l'une des capitales d'Europe les plus vibrantes. Cette année, il y a Hong sang-soo, Schlöndorff et kaurismäki en compétition, entre autres. Et des tonnes d'autres films dans l'ensemble des sections. Qui ne sortitont, pour la plupart, jamais en France. Qu'importe qui décroche l'Ours d'Or, ce n'est pas le plus important. Cependant, quel palmarès au fil des éditions : Le salaire de la peur, Chaussure à son pied, Douze hommes en colère, Les fraises sauvages, Alphaville, Tonnerre lointain, Le sorgho rouge, Grand Canyon, Au nom du père, Raison et sentiments, Central do Brasil, Sarajevo, mon amour, Fausta, Une séparation, Taxi Téhéran, etc.
Mercredi 8 février
C'est le jour de Martin. Chaque sortie de film de Scorsese est un événement et même ceux qui ne l'aiment pas en conviendront. Depuis 1976, le cinéaste m'accompagne régulièrement dans ma vie de cinéphile. J'ai été soufflé par les documentaires qu'il a consacré aux cinémas américain puis italien. Je suis admiratif de l'action qu'il a entrepris pour sauver des films du patrimoine mondial. J'aime beaucoup ce que dit de lui Thierry Frémaux dans Sélection officielle. Enfin, bref, Martin est l'une des figures les plus importantes du cinéma d'aujourd'hui, pour des tas de raisons. Pour autant, il ne faudrait pas oublier ses films. Un oeil sur les votes de Sens critique pour m'apercevoir que Les affranchis est le plus aimé devant Taxi Driver et Casino. Pour IMDB, la bible mondial du cinéma, le classement est légèrement différent : 1. Les affranchis, 2. Les infiltrés. 3. Taxi Driver. Et pour moi ? Raging Bull devant, c'est un film extraordinaire. Je le fais suivre d'After Hours et de Casino. J'aurais pu citer Le temps de l'innocence, Gangs of New York ou même New York New York. Et Silence, alors ? Même s'il est raté, cela ne changera guère mon opinion de Martin.
Jeudi 9 février
Petite liste des films que je ne verrais pas ce mois-ci. pas parce qu'ils ne sont pas à l'affiche dans ma ville mais bien parce que je n'en ai aucune envie : Raid dingue, Le cercle -Rings, Cinquante nuances plus sombres, Lego Batman, Seuls, Alibi.com, Underworld, A cure for life, John Wick 2, Si j'étais un homme. En gros, soit des comédies vulgaires françaises (pléonasme ?), soit des americaineries fantastico-horribles ! Bien entendu, ce sont des a priori que je confesse mais je n'en ai aucun remords. Le pire de tous ces films ? Je n'en sais rien mais celui qui me tape le plus sur les nerfs, pour avoir vu sa B.A une dizaine de fois au cinéma, c'est bien A cure for life. Cela me rend dingue de voir que l'on prend à ce point les gens pour des cons avec un recyclage éhonté de tous les clichés du film d'épouvante. Et quel matraquage marketing, en plus ! Mais je dois être trop sensible !
Vendredi 10 février
La bonne surprise du printemps pour le cinéma français pourrait bien être Django. Le film a été présenté à la Berlinale et son accueil est très, très enthousiaste. "Le film d’Étienne Comar est un biopic vraiment réussi, chargé et enlevé à la fois, qui fait honneur à la figure de Django Reinhardt et nous emmène avec lui au cinéma "pour rêver". On y attend un Reda Kateb inspiré, pour enfin la consécration, lui auquel depuis Hippocrate le cinéma na pas su donner les rôles qu'il mérite. Rendez-vous en salles le 26 avril.
Samedi 11 février
Je n'ai pas été le seul, loin de là, à avoir été choqué et enthousiasmé par le premier film de Benh Zeitlin, Les bêtes du sud sauvage. Depuis sa sortie, en décembre 2012, le jeune réalisateur américain travaille sur Wendy mais les nouvelles sont rares. Il est encore présenté par IMDB en préproduction ce qui signifie que le tournage n'a toujours pas commencé. Son sujet ? "A young girl is taken to a destructive ecosystem where she befriends a young boy and discovers a mystical pollen that allows them to break the relationship between aging and time." C'est maigre et suffisamment alléchant malgré tout. De nouvelles informations bientôt, j'espère.
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