Laure et/ou Michaël (Tomboy)
Après une Naissance des pieuvres riche de promesses, Tomboy c'est l'aisance d'une preuve, celle que Céline Sciamma est bien partie pour occuper une place de choix dans le cinéma français. L'idéal serait de ne rien savoir du sujet avant la projection, d'arriver vierge et de se laisser surprendre par LA révélation, au bout d'une quinzaine de minutes. Laure est une fille, pour ses parents et sa petite soeur, elle devient Michaël, un garçon, au sein de la bande qui l'a adopté(e), au coeur d'un été ensoleillé. La question a beau être celle de l'identité sexuelle, pour un enfant de 11 ans, elle n'est jamais traitée comme un traumatisme ou même une douleur. Le talent de la réalisatrice est de rendre limpide et naturelle des situations qui, chez d'autres, prendraient des allures de drame. Non que Laure/Michaël ne se pose pas de questions, mais s'il y a trouble, il est feutré et hors caméra, le plus souvent. Et commenter le film est un peu lui faire injure, car il a cette qualité de laisser le champ libre au spectateur, de ne pas lui imposer une vérité ou de lui infliger un message lourd de sens. On retient plutôt les jeux innocents de l'enfance, pour les extérieurs, et la tendre complicité de Laure/Michaël avec sa soeur cadette, qui nous valent les plus belles scènes, pour les intérieurs. Pas de clichés non plus dans les rapports entre les parents et leur garçon manqué. Il y a une telle simplicité de ton pour aborder une complexité de relations ! Tomboy est un film de vacances, finalement, avec de petits moments de grâce et des éclats de gravité. Un film libre, magnifique et baigné de lumière.
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