Cinéphile m'était conté ...

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La Rochelle-sur-films (7)

Scènes 18 à 22 : L'exorciste de la Côte d'Opale


14 heures et des poussières. Dans la queue qui s'allonge pour le prochain ciné-concert Buster Keaton. L'impatience nous gagne car la séance du Docteur Jivago n'en finit pas.
- Il dure combien de temps ce film ?
- 3 heures 10
- Ce devrait être terminé, alors !
- Il y a eu un entracte de 10 minutes
- Zut alors, ils auraient pu passer une version réduite !
- Ouais, le Docteur Jivaro, par exemple
- Voilà.


Buster Keaton est un génie. OK. Cependant, il lui est arrivé de faire des films moyens. Les trois âges, par exemple, qui use et abuse du comique de répétition. Cela reste quand même souvent du grand art et la chute, à elle seule, vaut largement le détour (très moderne, en plus). Et le court-métrage qui a été diffusé en amuse gueule, Grandeur et décadence, était grandiose. J'en veux encore.


Voyons voir les trois avant-première du jour, en gardant le Bruno Dumont pour la bonne bouche.
Hair du turc Tayfun Perselimoglu. L'histoire d'un perruquier qui suit l'une de ses clientes, qui lui a vendu sa chevelure, jusqu'à trucider le mari d'icelle. Très, très lent, et tiré par les cheveux, c'est le cas de le dire. On s'ennuie ferme.
Corpo celeste de l'italienne Alice Rochwacher. D'un pèlerinage nocturne à une cérémonie de confirmation, le regard ironique et déconcerté d'une pré-adolescente sur les rites religieux de la Calabre. Proche du docu-fiction avec quelques intermèdes drôles plutôt bienvenus. Pas passionnant, malgré tout.
Sortie le 18 janvier 2012.
Balle perdue du libanais Georges Hachem. Chronique familiale tragique sur fond de guerre (1976). De très bonnes choses, et particulièrement l'interprétation de Nadine Labaki (la réalisatrice de Caramel), mais un récit confus et une musique fort envahissante. Dommage.
Sortie fin 2011/début 2012.


Bruno Dumont, c'est un peu le Buster Keaton d'aujourd'hui. Il ne rit jamais. Evidemment, il est nettement moins drôle que son devancier. La présentation de son film, ce soir, Hors Satan, était à son image, succincte et très claire : au spectateur d'interpréter l'histoire qu'il raconte. Il fournit quelques clés, rester à trouver les bonnes serrures. Personnellement, je suis habituellement assez hermétique à son cinéma. Je dois donc avouer que Hors Satan m'a plu, en partie, par son atmosphère mystique et réaliste à la fois, avec de superbes images composées comme des tableaux. Autant en savoir le moins possible avant d'aller voir ce récit qui tourne autour d'un vagabond, thaumaturge, exorciste, saint ?, qui agit en protecteur d'une jeune fille, allant jusqu'à tuer pour elle. Oups, j'en ai déjà trop dit. C'est troublant, en tous cas, avec une influence de Bresson (Mouchette) et de Dreyer, pour donner une idée. Un coup de chapeau à la jeune comédienne débutante, Alexandra Lematre, stupéfiante. Les réfractaires au cinéma de Dumont peuvent tenter l'expérience, c'est sans doute son film le plus accessible, dans son apparente simplicité. Mais il y a tant de degrés de lecture et d'interprétation que les fans du cinéaste seront aux anges (c'est encore le cas de le dire).
Sortie le 26 octobre.

Demain : 2 Keaton, le dernier Winterbottom, un film bulgare et un français en avant-première. Dure journée.

A suivre, si ma bobine vous revient.



08/07/2011
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