Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

La Rochelle, ma belle (4)

festival-international-du-film-de-la-rochelle-c3lo.jpg

 

Je complète ma collection Kaurismäki avec Leningrad Cowboys go America. Au rayon des avant-premières : un film kazakh et le nouveau Lars Von Trier.

 

578837.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Leningrad Cowboys go America, Aki Kaurismäki, 1989

Tourné en plein Glasnost, Leningrad Cowboys go America est une fantaisie burlesque relativement mineure dans la carrière de Kaurismäki. Patiné par le temps, le film se révèle parfois savouraux avec son régiment de bananes sur pied traversant l'Amérique et semant des mauvaises notes dans des salles plus miteuses les unes que les autres. L'humour est un peu répétitif mais on se surprend à taper du pied quand les Leningrad Cowboys jouent du rock et l'on s'attendrit avec l'apparition d'un Jim Jarmusch jeune. Pas indispensable et anecdotique mais pas désagréable.

 

0638513.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

La tendre indifférence du monde (Laskovoe bezrazlichie mira), Adikhan Yerzhanov, sortie le 26 septembre

Le cinéma d'Asie centrale ne nous parvient plus que par bribes, hélas. La tendre indifférence du monde est déjà le 6ème film du kazakh Adikhan Yerzhanov mais c'est le premier à sortir sur les écrans français après sa présentation cannoise. Il tire son titre d'une phrase de Camus, auteur cité à deux reprises dans le film, dans cette oeuvre existentialiste qui emprunte aussi au Shakespeare de Roméo et Juliette avec ses amoureux innocents confrontés aux dangers de la perversion de la ville. A cet univers corrompu et violent, Yerzhanov oppose la beauté de l'art, avec ses nombreuses références picturales, et la dimension esthétique de La tendre indifférence du monde est son principal atout alors que sa progression narrative est-elle entachée d'une certaine opacité, s'égarant parfois dans des sous-intrigues pas forcément très claires. De ce film inégal, on retient les scènes réunissant les deux personnages principaux, protégés de la vilenie de leur environnement par leur candeur et leur pureté éternelle.

 

0997334.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

The House that Jack built, Lars Von Trier, sortie le 17 octobre

Lars Von Trier n'est pas assagi du tout et poussant encore plus loin ses théories sur le mal avec le portrait d'un tueur en série, et fier de l'être, dans le très méchant The House that Jack Built. Certains verront dans l'évocation de Jack et dans sa philosophie de la "pourriture noble" une sorte d'auto-portrait. Voire. En tant que cinéaste et démiurge, il a aussi la licence de donner à un personnage un mode de pensée qui peut certes se confondre avec la sienne mais aussi outrepasser les bornes comme le provocateur-né qu'il adore être. On soupçonnerait facilement Von Trier d'affoler le curseur jusqu'à l'abjection pour mieux se faire détester des uns et porter aux nues par les autres. Il faut donc se garder de confondre l'homme et le cinéaste et ne juger que le second faute de véritablement connaître le premier. Les 5 chapitres qui constituent The House that Jack Built (l'épilogue dantesque est à part) illustrent des monstruosités en série commentées par l'auteur en voix off, lestées de comparaisons avec des créations artistiques où la figure de Glenn Gould revient comme un mantra. On est alors partagé entre fascination et horreur, agacé par le ton professoral mais aussi diverti par les touches d'humour très noir. Il serait aisé de condamner le film pour abomination morale mais c'est justement le piège que Von Trier nous tend avec un rire sardonique. Pas question non plus de s'extasier comme devant une icône car si l'on peut admirer le savoir-faire du réalisateur et notamment sa science du montage, il ressort de tout cela l'impression d'une vaste fumisterie artistique. Mais ludique et cathartique, d'une certaine façon, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes de ce film (très) malade.

 

 



04/07/2018
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 50 autres membres