Ecran total à La Rochelle (10)
Dernières projections ce dimanche. Plus que de Roumanie ou de Finlande, le meilleur film du jour vient de France.
Victoria, Justine Triet
Si La bataille de Solférino n'avait pas convaincu tout le monde, Victoria, le deuxième long-métrage de Justine Triet, devrait faire la quasi unanimité. Portrait vivant d'une avocate irrésolue et sans certitudes, le film réinvente la comédie romantique en lui injectant une bonne dose de burlesque et d'acidité la rendant proprement irrésistible. Sens du rythme et du timing, échappées loufoques, tendresse jamais niaise, Victoria bénéficie d'une écriture al dente, savoureuse et ironique, qui trouve son acmé dans quelques scènes jubilatoires. S'il y a un léger coup de mou à mi-distance, la réalisatrice reprend vite la main d'une manière délicieuse maîtrisant parfaitement son ouvrage. Au centre du film, Virginie Efira n'en finit pas de rayonner, actrice belge désormais reine incontestée de la comédie française, qu'elle soit dramatique, amère ou déjantée.
Apnée, Jean-Christophe Meurisse
Emmené par un trio d'acteurs qui ose tout, Apnée est un film qui enfile les saynètes avec un appétit d'ogre, s'en prenant à toutes les valeurs traditionnelles, de la famille à la religion. Cette suite décapante de sketches a bien entendu les défauts de tous les films morcelés, à savoir une unité défaillante et un intérêt inégal selon les moments. Certains passages ressemblent plus à une défouloir dont l'humour de potache ne pourra attirer que sourires polis à moins que ce ne soit une irritation teintée de gêne. Entre les délires Monty Pythonesques et la férocité des Nouveaux monstres italiens, Apnée a assez souvent du mal à se situer choisissant de charger la mule plutôt que de recourir à la subtilité, à de rares exceptions près. On ne s'ennuie pas, on rit un peu mais le film ne séduit pas sur sa longueur et sa cohérence.
The happiest day in the Life of Olli Mäki (Hymelevä mies), Juho Kusmanen
A l'été 62, toute la Finlande se passionne pour le combat de boxe qui a lieu sur son sol pour un championnat du monde ù un enfant du pays peut décrocher la couronne. Dans un noir et blanc vintage, le cinéaste Juho Kuosmanen réussit à capter l'esprit d'une époque mais aussi le tempérament d'un homme partagé entre sa quête et une histoire d'amour naissante. Film modeste, L'homme qui sourit (traduction littérale du titre finnois de The happiest Day of Olli Mäki) déplie une grande tendresse pour un personnage qui ne cherche pas la gloire mais simplement le bonheur. Loin d'être un biopic, le film de Kuosmanen prend souvent des chemins de traverse et prend à rebours un certain nombre de clichés liés aux films de boxe. L'influence du grand cinéaste finlandais Aki Kaurismäki est présente mais Juho Kuosmanen a sa propre grammaire cinématographique qui en fait d'ores et déjà le réalisateur nordique à suivre.
Baccalauréat (Bacalaureat), Cristian Mungiu
Palmé pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, Cristian Mungiu a obtenu le prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes pour Baccalauréat. Si le premier film impressionnait par son réalisme et sa virtuosité, Baccalauréat ne surprend plus tant le cinéma roumain est devenu familier dans ses narrations linéaires et sa dénonciation sans fard des dysfonctionnements de la société. Le film s'attaque à la corruption et à ses rouages dans un cheminement inéluctable avec la ténacité que l'on attend. Le problème est là : tout est attendu dans Baccalauréat et la charge s'avère très souvent bien trop lourde pour ne pas provoquer un certaine lassitude d'autant que, et c'est une mauvaise habitude dans le cinéma roumain, le film est excessivement long. Il n'est pas interdit de penser qu'avec trente minutes de moins, Baccalauréat aurait été d'une force bien plus grande.
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