La condition masculine en bermuda (The Descendants)
La recherche identitaire et la nécessité de faire le point à un moment crucial de sa vie sont des thèmes récurrents de la filmographie d'Alexander Payne (L'arriviste, Monsieur Schmidt, Sideways). Sont-ce ses origines grecques ? Le cinéaste semble toujours en quête de sagesse, ou de maturité, si l'on préfère, pour ses personnages masculins. Comme Nicholson dans Monsieur Schmidt, Clooney est passablement désorienté quand sa vie bien réglée se détraque et qu'il doit assumer la disparition de sa femme, l'apprivoisement de ses filles, le règlement d'un legs susceptible de le rendre riche jusqu'à la fin de ses jours. Si le cinéma est un art souvent tape à l'oeil, les réalisations de Payne affichent toujours une humilité narquoise qui montrent peu ou prou le ridicule de la condition humaine, masculine pour être précis. D'aucuns trouveront sans doute The Descendants lisse, le film est pourtant davantage nonchalant, agité de micro-tremblements émotifs, doté d'un nuancier de couleurs assez subtil, douces/amères et tragi/comiques. Sur fond de paysages (et de musiques) hawaïens, qui créent un contraste curieux et amusant. Comment prendre au sérieux un type qui pleure, quand il est vêtu d'un bermuda et d'une chemise à fleurs ? Dans un exercice anti-glamour périlleux, George Clooney est épatant. Génial dans l'auto-dérision, à la manière d'un Cary Grant, auquel sa carrière renvoie de plus en plus, il domine le casting de The Descendants sans l'écraser pour autant. Il a aussi, par ses qualités d'écoute, le talent de faire briller ses partenaires, en particulier son ado de fille, Shailene Woodley. Désolé pour notre Dujardin national, mais pour l'Oscar du meilleur acteur, il n'y a pas photo, cette année.
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