Cinéphile m'était conté ...

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Le palais des grâces (Les adieux à la reine)

Marie-Antoinette est de loin la reine de France qui a été la plus mise en scène au cinéma. De Norma Shearer à Kirsten Dunst, en passant par Michèle Morgan et bien d'autres. Fascinant personnage, dont la personnalité semble comme décalée dans sa propre époque et dont la fin tragique en fait une sorte de Rock star sacrifiée sur l'autel de ses propres vanités. Si elle est au centre du dernier film de Benoît Jacquot, entre splendeur et décadence, le cinéaste a eu le bon goût, en s'appuyant sur le livre de Chantal Thomas, d'élargir son propos au Versailles de juillet 1789, qui, tel le Titanic, prenait eau de toutes parts. Une petite souris, la lectrice de la reine, nous guide dans les couloirs de la cour. Pour une fois, nous ne voyons pas que les ors et les lambris, mais aussi le cloaque des antichambres et l'obscurité des couloirs où l'on devine qu'une odeur nauséabonde devait régner. Cette lectrice donc est une jeune fille candide qui ne sait plus distinguer le rêve de la réalité, en pâmoison devant Marie en toilettes, témoin des amours supposées de sa majesté et de la duchesse de Polignac. Les adieux à la reine est admirable par le foisonnement de ses personnages, son aspect charnel et charnu, sa mise en scène nerveuse qui lui donne des allures de thriller sentimental. Peu importe que la réalité historique soit respectée à la lettre, le film pop de Sofia Coppola en était encore plus éloignée, c'est une oeuvre passionnante et incarnée qui, d'ailleurs, aurait pu durer une bonne heure de plus. Léa Seydoux, superbe, y gagne ses galons de grande actrice ; Diane Kruger est tout simplement royale ; Virginie Ledoyen, dans un rôle minuscule, personnifie à merveille l'objet du désir. Ce trio de charme est un vrai palais des grâces.

 




23/03/2012
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