L'insupportable calvaire d'un innocent (Présumé coupable)
Pour un cauchemar, c'en est un. Et qui s'est abattu, comme la foudre, au hasard, sur un homme "normal", qui n'avait rien dans sa vie qui justifiait de vivre un tel enfer. Alain Marécaux, huissier de justice, a vécu un long calvaire dans la célèbre affaire d'Outreau. Il l'a raconté dans un livre, Vincent Garenq la transpose dans un film, Présumé coupable, fidèle et d'une sobriété sèche, dont la vision est à certains moments insoutenable. La souffrance d'un innocent, accusé du pire crime qui soit, sali, qui plus est, dans sa vie personnelle. Philippe Torreton s'est glissé dans la peau de cet homme broyé et concassé par la justice de façon stupéfiante. Sa composition, à l'image de celle de Michael Fassbender dans Hunger fait réellement peur. Physiquement et moralement. Le film est constamment proche de ce présumé coupable et n'a sans doute pas la prétention de brosser un tableau complet de l'affaire. Sur un plan strictement cinématographique, on peut le regretter. Le juge Burgaud n'apparait que lors de face à face avec Marécaux. On aurait aimé en savoir plus sur ce magistrat glacial qui considère encore aujourd'hui avoir "fait son travail", sur ses rapports avec une hiérarchie qui l'a soutenu et qui ne lui a infligé qu'une réprimande après le jugement final. Presque rien non plus dans le film sur l'emballement médiatique. Le procès, à la fin de Présumé coupable, est trop vite expédié. Il est vrai que les seconds rôles sont assez mal joués, dans l'ensemble. La force du film réside presque uniquement dans la description de l'insupportable douleur de cet innocent. C'est déjà beaucoup.
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