Journal de La Rochelle (3)
Perla de Alexandra Makarová
Cinéaste austro-slovaque, Alexandra Makarová raconte dans son deuxième long métrage une histoire (celle de sa grand-mère ?) qui réunit ses deux nationalités, en un temps où le communisme sévissait toujours, dans la défunte Tchécoslovaquie. Pour cette histoire de Perla, tiraillée entre l'Ouest et l'Est, le film prend vraiment son temps et semble un temps occulter le passé, avec peu de flashbaxks qui ne disent pas tout, à l'image de son héroïne qui s'est reconstruite et veut oublier sa vie d'avant. Sauf que, bien entendu, elle n'en a pas fini avec le poids de ses origines. Peu convaincant dans sa construction, Perla séduit davantage quand il aborde la relation mère/fille, fusionnelle et facétieuse. Le récit change vraiment de ton dans sa dernière partie et précipite les événements, alors qu'il avait plutôt tendance à les freiner jusqu'alors. On a l'impression que Alexandra Makarová cherche, y compris dans sa mise en scène, la meilleure façon de raconter une histoire qui lui tient à cœur, dans une période où la vie pouvait changer du tout au tout, au gré du passage d'une simple frontière. Grâce soit tout de même rendue à Rebeka Poláková, dans le rôle-titre de Perla, absolument remarquable de bout en bout, côté autrichien ou slovaque, tout autant.
Love me Tender de Anna Cazenave Cambet
Adapté librement du livre éponyme et autobiographique de Constance Debré, Love me Tender est une épreuve pour son héroïne à l'écran, une Vicky Krieps qui se livre corps et âme, dans le rôle omniprésent de Clémence, mais aussi pour le spectateur qui suit le quotidien d'une femme qui a fait de son fils, sa bataille, et qui n'a de cesse de se heurter aux préjugés de la société et de la justice, pour ses choix sentimentaux et sexuels. Sa vie semble se fracasser constamment contre les murs, tant dans sa vie de mère, que de femme. La voix off (trop) très présente, la tristesse intrinsèque de l'histoire et la répétition des scènes, entre Paris et le Lot-et-Garonne, mais surtout la durée éprouvante du film peuvent finalement avoir raison de notre patience, même si le récit est souvent poignant. Bien entendu, il n'y a pas de contrepoint, une version du mari qui serait en totale opposition avec celle de son ex mais cela, on le sait et on l'accepte depuis le départ. Les scènes qui racontent des épisodes bourgeois/bohèmes de Clémence agaceront sans doute les yeux de certains et on ne peut leur donner tout à fait tort. Comment Clémence va t-elle se sortir d'une situation qu'elle ne maîtrise plus et affecte toute son existence, voilà ce qui offre de l'intérêt. Disons que l'on reste dubitatif, même sur la toute dernière image d'un film qui suscite les mêmes sentiments qu'une certaine littérature auto-centrée et épuisante pour les nerfs (pas de nom, merci).
Stella Dallas de King Vidor, 1937
Même après de longues années sans le voir, Stella Dallas peut se remémorer pour sa scène finale, poignante. Et c'est le cas quand il est revu sur grand écran, ce mélodrame social où Barbara Stanwyck émeut avec une grande sobriété, dans un film où King Vidor affiche son grand talent sans ostentation. Le réalisateur voulait pour le rôle principal l'actrice qui possédait sans conteste la palette de jeu la plus complète. Le film est un peu plus daté que certains autres films de Vidor mais le sacrifice de son héroïne, qui se concrétise par la scène de pluie et de larmes, évoquée plus haut, inoubliable.
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