Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Journal de La Rochelle (2)

 

 

Amour Apocalypse de Anne Émond

Quelques longs métrages de la Québécoise Anne Émond, pas tous cependant, ont réussi à se frayer un passage sur les écrans français. Avec Amour Apocalypse, elle a peut-être réalisé son film le plus ambitieux mais qui est en même temps hybride et pas convaincant sous tous ses aspects. Son titre l'indique : la comédie romantique, si tant est que cela en soit une, se déroule sur fond de désastre à venir, dans un écho de l'anxiété qui étreint notamment son personnage principal, incarné à la perfection par Patrick Hivon. Mais le film ne s'en tient pas à sa base réaliste et s'envole parfois dans des scènes plus ou moins prophétiques ou fantastiques, soutenues par une voix off sentencieuse, qui se fait trop entendre. C'est un peu dommage car Amour Apocalypse possède aussi de solides ressorts comiques, absurdes et sentimentaux qui sont quelque peu gâchés par un ton comminatoire et lourdement didactique. Le film marche donc parfois en zigzag et peut même agacer quand il perd de vue la chaleur des relations humaines, seules à même de combattre l'angoisse de la menace de la fin du monde. Un peu de tendresse et de bienveillance dans l'univers naturel que nous avons contribué à rendre de plus en plus invivable, cela ne saurait faire de mal.

 

On vous croit de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

C'est un choc frontal ce On vous croit, d'origine belge, d'autant plus choquant qu'il percute de plein fouet sur un peu de moins de 75 minutes et à nous de nous débrouiller avec le traumatisme qui en résulte. Le dispositif choisi par les coréalisateurs, pour cette séance de tribunal, adopte la forme la plus réaliste possible, les plaidoiries des avocats étant dites par de véritables professionnels du barreau, qui se sont mués, pour un temps, en véritables acteurs, d'une crédibilité imparable. L'histoire qui sert de support au film ne raconte pas une affaire réelle en particulier mais s'appuie évidemment sur des cas avérés, de natures voisines. De toute manière, on ne met jamais en doute l'authenticité de ce que l'on voit à l'écran, dans une atmosphère irrespirable que la mise en scène, discrète mais brillante, parvient à alléger, notamment quand elle joue avec les détails architecturaux du monumental palais de justice où se déroule cette audience en huis-clos. Sommes-nous des voyeurs, en l'occurrence ? Plutôt des citoyens, confrontés à des situations dont les aspects familiaux et intimes nous concernent tous, peu ou prou. Dans le rôle de la mère, pivot du film, Myriem Akheddiou, qu'on a notamment aperçu chez les frères Dardenne, est tout simplement époustouflante et poignante de vérité.

 

Les Furies (The Furies) d'Anthony Mann, 1950

Nouvelle découverte, sur grand écran, s'entend, d'un classique américain, avec Barbara Stanwyck (merci le Festival de La Rochelle). C'était le premier western de l'excellent Anthony Mann mais c'est loin d'être son meilleur. Pas à cause de sa mise en scène, irréprochable, mais plutôt de son scénario, filandreux, qui emprunte à la tragédie grecque avec quelques ajouts psychanalytiques, pas très légers. Cette histoire qui met en avant les relations explosives d'un patriarche et de sa fille vaut surtout pour l'abattage de Walter Huston. Barabara Stanwyck est bien mais pas exceptionnelle. Elle a tourné 7 westerns au total, son genre favori, et refusait en général de se faire doubler pour les cascades. 

 



30/06/2025
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