Jeux de miroirs (Pater)
Par quel bout prendre Pater d'Alain Cavalier ? Depuis longtemps, le cinéaste se situe en marge du cinéma classique, poursuivant une oeuvre singulière, inclassable et insaisissable. Pater est un film sur le pouvoir politique, sur l'art de filmer, sur le pouvoir d'un metteur en scène vis à vis de ses acteurs. Entre autres. Cavalier imagine une fiction avec Lindon comme interprète, sur un mode ludique, presque enfantin. Ok, mais ce n'est qu'une description partielle de Pater. Il filme aussi le comédien dans son existence de tous les jours (cuisant des asperges, par exemple), dialogue avec lui, et donne à voir quelques bribes de son intimité, avec notamment une chatte adorable et très présente. La fiction et la réalité (mais laquelle ?) se rejoignent et s'unissent pour ne faire qu'une. C'est troublant, parfois séduisant, quant les dialogues sont à la hauteur, et l'investissement de Lindon fait plaisir à voir, face à un réalisateur manipulateur et plein de malice. C'est assez drôle, par instants, et d'une belle candeur. Ceci dit, la machine semble tout de même tourner à vide, assez vite, car le jeu semble plus important que l'enjeu. Un objet conceptuel, pour faire court, qui se regarde sans ennui, mais avec une très grande perplexité. Idéal pour ceux qui ont envie d'un "autre" cinéma, et que les effets de miroir fascinent.
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