Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Ici, c'est La Rochelle ! (8)

Et voilà, c'est déjà terminé ! Pas le plus mémorable des Festivals de La Rochelle mais le bonheur d'être en salle et d'échanger dans les files d'attente était intact.

 

La nuit avance (La noche avanza), Roberto Gavaldon, 1952

Une vedette de la pelote basque voit les ennuis s'accumuler alors qu'il mène de front plusieurs relations sentimentales. Le cocktail film noir et mélodrame est la spécialité du mexicain Roberto Gavaldon. La nuit avance n'en est pas l'exemple le plus frappant, assez proche du grotesque parfois, mais le personnage principal, joué parfaitement par l'excellent Pedro Armendariz, est joyeusement haïssable, tout en morgue et cynisme, dont on attend avec impatience qu'il vienne enfin ravaler son arrogance. Les portraits des trois femmes victimes du bellâtre manquent de profondeur mais donnent un peu d'humanité à un film cruel qui se termine par des image fortes, sans concession pour la vanité masculine.

 

The Cloud in her Room (Ta fang jian li de yun), Zheng Lu Xinyuan, sortie le 20 octobre

Primé au Festival de Rotterdam en 2020, The Cloud in her Room est la première œuvre impressionnante d'une jeune cinéaste chinoise, Zheng Lu Xinyuan dont le cinéma semble influencé par Antonioni. Mais impressionnante ne signifie pas nécessairement séduisante et passionnante et il est prévisible que deux camps irréconciliables s'affronteront au moment de juger le film : ceux qui le trouveront d'une beauté et d'une poésie incommensurables et ceux qui l'estimeront entaché d'afféteries visuelles avec son noir et blanc très stylé et nuancé d'effets divers (négatif et infrarouge). Débat éternel mais une chose est presque assurée concernant The Cloud in her Room, sa forme fera plus parler que son fond. Il est vrai que la narration, assez opaque en son commencement, fonctionne de manière impressionniste sans vouloir mettre en place un récit évolutif. On peut se laisser entraîner par le caractère hypnotique du film ou le rejeter faute de clarté apparente, dans ce qui est aussi bien un essai sur les transformations de la Chine nouvelle, sur le plan urbain principalement, que sur la recherche identitaire d'une jeune femme qui ressemble beaucoup à la cinéaste. Une fois dit qu'il s'agit d'abord d'un long-métrage fait pour les festivals et la critique, qu'il ne touchera vraisemblablement que peu le grand public et qu'il divisera les cinéphiles selon leur sensibilité, il n'y a plus rien à ajouter. The Cloud in her Room est une expérience à tenter quitte à en ressortir peu convaincu.

 

Le Kiosque d'Alexandra Pianelli, sortie le 6 octobre

Alexandra Pianelli, réalisatrice et plasticienne, a filmé le quotidien du kiosque à journaux parisien tenu par sa mère, dans une continuité familiale qui s'est étendue depuis plusieurs générations. Le film est aussi touchant sur le plan humain (et sociologique) que précis dans sa dimension économique. Et Alexandra Pianelli ne s'est pas contentée de filmer la vie d'un kiosque et de ses clients, souvent hauts en couleurs, elle fait aussi preuve d'inventivité pour expliquer comment la profession est de plus en fragilisée par l'organisation de la distribution de la presse, le numérique et les nouvelles habitudes de lecture. La profession de kiosquier dont on imagine peu l'exigence physique et qui est comparable à celle d'un commerçant indépendant est hélas voué à disparaître à plus ou moins long terme. C'est ce que montre notamment Le Kiosque, un documentaire qui fait le tour de la question, la chaleur humaine et l'émotion en prime. A voir absolument pour les amoureux de la presse écrite (en reste t-il ?), évidemment.

 



05/07/2021
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 51 autres membres