Ici, c'est La Rochelle ! (5)
Et je chemine tranquillement entre la Géorgie et les Etats-Unis.
Sous le ciel de Koutaïssi (Ras vkhedavt, rodesac cas vukurebt?), Alexandre Koberidze, sortie indéterminée
On dit parfois que les Géorgiens sont les Méditerranéens du Caucase mais ce caractère ne saute pas aux yeux chez les cinéastes locaux, plutôt sombres, sauf si l'on remonte à Otar Iosseliani. Sous le ciel de Koutaïssi, d'Alexandre Koberidze, vient donc à point nous rappeler qu'un film peut être libre, facétieux, magique et drôle avec un conte amoureux qui témoigne aussi de la passion du réalisateur pour le cinéma, le football et beaucoup d'autres petites choses qui embellissent le quotidien. Cet hymne à la vie s'empare malicieusement des hasards et sortilèges de l'existence humaine pour narrer une histoire riche en digressions qui semble se réinventer à chaque seconde. La durée de 150 minutes, qui peut paraître excessive eu égard à certaines scènes langoureusement élégiaques et parfois trop longues, se justifie par l'envie de Koberidze de prendre son temps et d'installer une atmosphère souvent rêveuse et amusée, qu'une voix off, qui s'adresse parfois directement au spectateur, vient éclairer, mêlant réflexions graves et notes plus légères. Il y a bien des choses étonnantes dans Sous le ciel de Koutaïssi comme par exemple l'apparence physique des deux principaux protagonistes qui change un beau matin ou encore des chiens amateurs de football, entre autres anomalies du réel qui semblent finalement aller de soi par la grâce d'une narration qui trouve d'emblée le juste équilibre entre poésie et réalisme. Primé à Berlin, What do we see when we look at the sky ? (titre international) s'impose à l'évidence comme l'un des films les plus originaux et positifs (ce n'est pas incompatible) de l'année.
Sweet Thing, Alexandre Rockwell, sortie le 21 juillet
Sweet Thing a de belles qualités, c'est certain, et en particulier cette manière de se mettre à hauteur d'enfants ou pré-adolescents, confrontés aux manques des adultes, voire à leur toxicité. Mais d'un autre côté, le film d'Alexandre Rockwell semble cocher toutes les cases du cinéma indépendant américain dans cette histoire de petits fugitifs Le noir et blanc d'abord, presque granuleux parfois et rehaussé à l'occasion d'éclats de couleur. Le récit se construit à partir d'un environnement chaotique et évolue, plus resserré, autour de ses jeunes héros livrés à eux-mêmes et solidaires face à l'adversité. Il y a un air de "déjà vu" dans les péripéties qui s'enchaînent et qui délaissent parfois le réalisme pour une recherche poétique, sans oublier une voix off superfétatoire qui souligne plus qu'elle abonde en nouvelles informations. Mais finalement, ce côté familier de la narration ne dessert pas tant que cela Sweet Thing qui reste une œuvre attachante, notamment pour son interprétation parfaite, à commencer par celle de Lana Rockwell, la petite "cheffe de gang." C'est ce que l'on retient en définitive, l'énergie de ces enfants, capables de franchir les obstacles, prompts à la résilience et à l'enthousiasme pour jouir du moment présent. Comme si Alexandre Rockwell voyait de l'espoir dans l'avenir avec une nouvelle génération qui saura éviter les erreurs des précédentes. Et sur cette idée optimiste et généreuse, pourquoi ne pas le suivre ?
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