Ecran total à La Rochelle (7)
A l'est toute avec Une femme douce et Out, sur les écrans en août. Et encore plus loin avec A l'est de Shanghai d'Alfred Hitchcock.
Une femme douce, Sergei Loznitsa, sortie le 16 août
Inspiré par Dostoïevski, Une femme douce de Sergei Loznitsa n'a rien à voir avec le film éponyme de Robert Bresson mais cela ne constitue pas une surprise. Le film du cinéaste ukrainien est dans la continuité de ses premiers essais, quelque chose de torturé, de violent et aussi d'un peu pesant. Le dernier tiers d'Une femme douce est malheureusement presque grotesque et insupportable défaisant les relativement bonnes sensations que l'on avait jusqu'alors même si elles n'étaient pas sans réserves. La mise en scène de Loznitsa est dense, souvent remarquable (le passage dans le bus) mais les scènes, justement, sont parfois étirées plus que de mesure. La Russie que nous montre le réalisateur a quelque chose d'intemporel avec des personnages excessifs dans leur comportement et prosaïques pour ne pas dire vulgaires qui pourraient vivre aussi bien du temps des tsars que de celui de Poutine. La femme douce, elle, sert de contrepoint, figée dans son obsession et son incompréhension d'une bureaucratie dont le fonctionnement semble aussi arbitraire qu'absurde. Le film dérive quelque peu dans un univers kafkaïen jusqu'à cette dernière partie qui se rapproche davantage d'une farce fellinienne. La comparaison avec le cinéma de Zviaguintsev n'est forcément pas à l'avantage de Loznitsa malgré la puissance d'une réalisation qui se perd bien trop dans une lourdeur d'exposition rédhibitoire.
Out, György Kristof, sortie le 2 août
Ne pas chercher dans Out, premier film slovaque, de grandes prouesses narratives. Ce road-movie intérieur se caractérise plutôt par une suite de scènes assez souvent cocasses qui délimitent le paysage psychologique de son héros, tout juste chômeur en Slovaquie et qui tente de rebondir en Lettonie ou peut-être même de trouver un nouveau sens à sa vie, lui qui n'avait jamais vu la mer et qui se repaît de la Baltique. Ce sont les rencontres qui donnent son rythme au film : la propriétaire d'un lapin empaillé, une femme atrocement siliconée, des hommes nus dans un bar, etc. Le ton est à l'absurde, dans une veine qui rappelle quelque peu le cinéma tchécoslovaque de la fin des années 60. Le propos peut sembler un peu court mais le mélange des langues parlées et les thèmes qui affleurent (l'immigration, le nationalisme) confèrent à Out un arrière-plan pas négligeable comme par exemple chez un Kaurismäki. Les partis pris esthétiques, très affirmés, dans un environnement qui réduit l'homme à sa petitesse, contribuent à rendre le film agréable et relativement captivant même s'il ne s'y passe presque rien.
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