Cinéphile m'était conté ...

Programme allégé ce jour. Deux films seulement, pour partir ailleurs : en Indonésie et en Syrie.

Le visible et l'invisible (Sekala niskala) de Kamila Andini, Indonésie

Avec un film comme celui de l'indonésienne Kamila Andini, il vaut mieux adhérer d'emblée à sa façon de raconter une histoire, à savoir comme dans une sorte de rêve éveillé, avec une frontière étanche entre le visible et l'invisible. Bien sûr, l'on pense beaucoup à Weerasethakul pendant la projection de Sekala Niskala et si l'on n'embarque pas dans ce voyage onirique, le voyage paraîtra bien long et fastidieux. La réalisatrice utilise danses et chansons pour indiquer la progression de l'intrigue, particulièrement tragique mais relativement simple si on lui enlève tout le symbolisme, notamment animal, qui lui est rattaché. Traditions et légendes de Bali viennnent enrichir un récit tout empli de sortilèges autour du bien et du mal, de la vie et de la mort, des dualités inséparables et très ancrées dans la culture balinaise.

Le jour où j'ai perdu mon ombre (Yam adaatou zouli) de Soudade Kaadan, Syrie

Situé à Damas et ses environs, au début de la guerre, en 2012, Le jour où j'ai perdu mon ombre possède un très fort potentiel, bien assumé d'ailleurs, dans son premier quart d'heure, tendu et oppressant. Cela pourrait être une sorte de thriller avec cette mère isolée avec son fils qui en allant chercher une bouteille de gaz se retrouve en zone de guerre. La cinéaste Soudade Kaadan, qui signe son premier long-métrage de fiction a préféré opter pour un style documentaire relevé d'un soupçon de réalisme magique qu'elle n'arrive hélas pas à maîtriser. C'est que, visuellement, le film n'est pas à la hauteur, plombé en grande partie par des plans agités en caméra portée. Les dialogues sont assez plats dans l'ensemble et la psychologie des différents personnages semble la plupart du temps peu crédible. Pourtant ambitieux, Le jour où j'ai perdu mon ombre se révèle bien peu convaincant malgré les efforts de son actrice principale, visiblement talentueuse mais à laquelle on ne peut demander de hisser le film à un meilleur niveau.