Guirlande de vieux films (Septembre/3)
Saladin (El Naser Salah el Dine), Youssef Chahine, 1963
Après avoir reconquis Jérusalem, Saladin doit faire face à une nouvelle croisade. Grandiose film médiéval, Saladin en dit plus sur l'Egypte de Nasser, en quête de grandeur et d'unité. Le film prend beaucoup de latitude vis à vis de l'Histoire, taisant l'origine kurde de son héros, introduisant des personnages n'ayant pas existé et s'acharnant particulièrement sur Philippe Auguste, en ménageant Richard Coeur de Lion (posture largement lié à la géopolitique des années 60). Pour autant, et même s'il insiste beaucoup sur les dissensions au sein du camp des Francs, le film ne manque pas de souffle et d'émotion, franchement spectaculaire par moments, et prônant la tolérance. La mise en scène est virtuose bien que soumise à un montage parfois abrupt. A Saladin, on pourra tout de fois préférer les films moins politiques et plus humbles de Chahine, à commencer par Gare centrale, Un jour le Nil ou Le destin.
Gabrielle, Gasse Ekman, 1954
Pendant que Bertil Lindström travaille à l'ambassade de Suède à Paris, sa femme passe l'été seule dans une petite île. Hasse Ekman est plus connu pour avoir joué dans 3 films de Bergman que pour en avoir réalisé pas loin de 40 dont le merveilleux La fille aux jacinthes. Gabrielle, presque uniquement composé de flashbacks imaginaires, qui correspondent aux situations qu'imagine un mari obsessionnel, éloigné de son épouse, est un drame de la jalousie d'excellente facture. Un suspense psychologique, si l'on préfère, qui rappelle parfois Bergman (Leçons d'amour) et même Hitchcock. Ekman, qui venait de divorcer de Eva Henning, joue lui-même l'amant possible de cette dernière.
Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l'été (Travolti da un insolito destino nell'azzurro mare d'agosto), Lina Wertmüller, 1974
Une riche bourgeoise et un membre d'équipage de son yacht se retrouvent échoués sur une île déserte. Dynamiteuse du cinéma italien des années 70, au côté d'un Marco Ferreri, auquel son cinéma ressemble beaucoup, Lina Wertmüller reprend ici sa thématique préférée de la lutte des classes doublée d'une féroce guerre des sexes. Passée une première heure verbeuse et presque hystérique, le film donne sa pleine mesure quand le couple improbable joue les Robinsons Crusoé. Outre l'inversion du statut social, la cinéaste choque sciemment en humiliant son héroïne, sous les coups d'un homme fruste et rustre. Le film peut sembler antiféministe au possible, jusqu'à la caricature, moyen pour Wertmüller de renvoyer dos à dos machisme ignorant et arrogance des privilégiés. Un tableau allégorique d'une Italie divisée en deux. Malgré un tombereau de grossièretés pas vraiment nécessaires, le film possède une puissance narrative impressionnante et s'achève joliment dans la mélancolie. L'outrance et la provocation ne sont pas incompatibles avec une certaine intelligence, aussi teigneuse soit-elle.
Trois nuits d'amour (Café Elektric), Gustav Ucicky, 1927
La fille d'un riche commerçant s'éprend d'un voyou. Pour lui, elle vole un bijou dans le coffre de son père. Mélodrame du début de carrière du cinéaste autrichien Gustav Ucicky, qui deviendra plus tard le réalisateur préféré de Hitler, Café Elektric (au titre français nullissime de Trois nuits d'amour) est connu des amateurs de Marlene Dietrich qui n'était pas encore une vedette. Elle n'a d'ailleurs pas le premier rôle et se révèle moins convaincante que l'excellente Nina Vanna. Situé dans les bas-fonds de Vienne, dans une ville montrée comme décadente, ce mélodrame est plein de qualités narratives avec une mise en scène réaliste très éloigné du cinéma allemand de l'époque. Restauré, il reste tout de même amputé de sa dernière partie, hélas.
Les monstresses (Letti selvaggi), Luigi Zampa, 1979
8 femmes de caractère, qui se jouent des hommes ... Dernier film de Luigi Zampa, à sketches, dans la grande tradition italienne mais sans l'inspiration des Monstres, hélas. L'objectif semble être de montrer 4 des plus belles actrices de l'époque en petite tenue ! Tout n'est pas raté, notamment le récit où la magnifique Laura Antonelli rend chèvre un chef d'orchestre par son emploi du temps trop serré pour se permettre des galipettes. Ursula Andress n'a elle rien à défendre et Monica Vitti, guère mieux, au contraire de Sylvia Kristel dont les talents de comédienne sont malheureusement maigres. Malgré quelques "chutes" amusantes, le bilan n'est pas très reluisant. On se divertira tout de même avec l'une des premières apparitions d'un jeune acteur nommé Roberto Benigni.
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