Cinéphile m'était conté ...

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Cueillette de vieux films (Août/3)

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Bleak Moments (Mike Leigh, 1971)
Sylvia, secrétaire, vit avec sa jeune soeur autiste. Sa vie est morne avec peu de relations avec le monde extérieur. Mike Leigh adapte sa propre pièce de théâtre pour son premier long-métrage lequel fut un échec public malgré le Léopard d'or obtenu au Festival de Locarno. Il mettra 13 ans pour revenir au grand écran. Le film aborde le sujet de prédilection de Leigh : les relations humaines. Sous l'angle le plus gris qui soit avec cette incommuncabilité qui sous-tend tous les rapports de Sylvia et les gens qu'elle fréquente : au bureau et dans sa vie privée. Les dialogues, anodins, ne sont que longues hésitations et silences prolongés marquant la douleur de ne pouvoir exprimer ses sentiments. Tous les protagonistes de Bleak Moments sont des handicapés sentimentaux et sociaux. Un humour léger pointe parfois son nez mais l'ensemble est désespéré. On comprend que ce film délicat et chargé d'un lourd sous-texte n'ait pas connu le succès. C'est
aujourd'hui une sorte de classique du cinéma britannique.

 

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Le grand Elias (O grande Elias, Arthur Duarte, 1950)
Une famille portugaise vit grâce aux subsides d'une tante installée au Brésil. Quand celle-ci débarque à Lisbonne, une comédie est mise en place pour lui démontrer que son argent n'a pas été dilapidé. Arthur Duarte a inventé la comédie portugaise véritable arme de distraction massive durant les longues années de dictature. Le fait est que le film n'a rien à envier aux comédies italiennes avec un des personnages principaux quasi sosie de Roberto Benigni et des dialogues savoureux bien que la plupart des jeux de mots disparaissent à la traduction. Son rythme effréné, sa tendresse pour les personnages, son écriture imaginative et même sa mise en scène d'une grande efficacité font un film charmant et positif.

 

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Le roi des imposteurs (The great Impostor, Robert Mulligan, 1961)
Une partie de la vie de Ferdinand Waldo DeMara qui se fit passer pour professeur, moine, gardien de prison, chirurgien ... et réussit parfaitement dans ses différents métiers avant que la fraude soit découverte. Même si le film de Mulligan suit imparfaitement la trace de cet imposteur célèbre, il semble fidèle au caractère de ce caméléon au QI très élevé et qui ne donna jamais d'explications véritables à son comportement. Evidemment, Tony Curtis, toujours remarquable, rend cet escroc sympathique et le film n'est pas loin d'être une comédie en dépit (ou grâce) à son amoralité profonde. Le film reste peu côté dans la carrière de Mulligan, il n'en est pas moins brillant et ironique. A noter que Attrape-moi si tu peux, de Spielberg, raconte une histoire similaire basée également sur le parcours d'un étonnant imposteur.

 

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Les sept fous (Los siete locos, Leopoldo Torre Nilsson, 1973)
Un inventeur raté, mal marié et haïssant son travail, rejoint les rangs d'une micro société secrète qui ourdit des plans anarchistes. Adapté de deux romans de Robrto Arlt, Les siete locos décrit le Buenos Aires des années 20 et son climat délétère. On retrouve dans le film, outre un discours politique nihiliste et anti-capitaliste (avant que Peron ne prenne le pouvoir), le goût de Torre Nilsson pour les climats irréalistes et oniriques, proche par certains côtés d'un Kafka ou d'un Dostoïevski. Le film est un peu désordonné et on peut lui préférer les oeuvres antérieures du cinéaste argentin et notamment La maison de l'ange. Ours d'argent à Berlin, Los siete locos est considéré comme le meilleur film argentin des années 70.

 

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Tous peuvent me tuer (Henri Decoin, 1957)
Auteurs d'un gros coup, cinq malfrats simulent un délit mineur pour  avoir un alibi. En prison, ils sont "suicidés" l'un après l'autre. Ce suspense carcéral, au scénario proche des dix petits nègres n'est certes pas très crédible mais Decoin le dirige comme l'excellent artisan qu'il est infusant quelques éléments de comédie pour détendre l'atmosphère. C'est particulièrement réussi dans le genre avec deux inconnus en tête d'affiche : André Versini et Peter van Eyck, irréprochables. Les seconds rôles sont bien plus connus : Pierre Mondy, François Périer, Francis Blanche, Anouk Aimée et l'étonnant Dario Moreno. Sans oublier les apparitions plus ou moins furtives de Jean-Claude Brialy et de Jean-Pierre Marielle. L'un des quatre films tournés par Decoin en 57, certainement détesté par les critiques de la Nouvelle Vague  à l'époque, mais typique du savoir faire français en matière de film noir.



07/08/2015
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