Guirlande de vieux films (Juin/1)
On a volé la Joconde, Michel Deville, 1966
En 1910, un voleur s'empare de la Joconde. Il fuit sur les routes de France, poursuivi par la police et d'autres aigrefins. On a volé la Joconde est déjà le 7ème film de Michel Deville, vaguement inspiré de l'authentique maraudage de Mona Lisa, réalisé en 1911. Cette fantaisie, qui tire vers la burlesque, n'est pas très représentative du style du cinéaste mais se révèle très agréable à suivre avec son tempo de plus en plus accéléré après une entame plutôt laborieuse. George Chakiris, en gentleman cambrioleur, manque d'épaisseur et de talent de comédien mais on lui demande surtout d'être charmant, ce qu'il est, au côté d'une Marina Vlady légère et sensuelle. Un film dans lequel Chakiris et Lefebvre (sobre) jouent aux échecs, réunion de deux acteurs aux univers on ne peut plus éloignés, c'est pour ces rencontres peu commues que l'on aime (aussi) le cinéma de Michel Deville pour qui le plaisir est une affaire très sérieuse.
Torrents, Serge de Poligny, 1947
Jan et Sigrid s'aiment depuis l'enfance. Mais une brouille les sépare et Jan se marie avec une autre et part en tant que médecin en Algérie. Triangle amoureux au Sahara, en passant par la Savoie, le premier film de Serge de Poligny après la guerre ne rappelle que de loin ses grands films précédents, Le baron fantôme et La fiancée des ténèbres. Chacun des personnages a droit à son long flashback agrémenté d'une voix off envahissante. Tout va trop vite dans le courant de Torrents avec un excès de romanesque qui débouche sur un mélodrame pas très maîtrisé. Face à Georges Marchal, solide, et Renée Faure, épatante en méchante par passion, la jeune Helen Vita ne soutient pas la comparaison. Quand une des bases du triangle est faible, c'est tout l'édifice narratif qui devient fragile ...
Métropolitain, Maurice Cam, 1939
Un ouvrier aperçoit du métro un homme en train de poignarder une femme à la fenêtre d'un immeuble. Ceux-ci sont des artistes désargentés répétant un numéro. Sorti début 1939, Métropolitain est le premier long-métrage de l'oubliable Maurice Cam. Son film a le mérite de montrer des aspects du Paris populaire de l'avant-guerre (un chantier sur la Seine, les télégraphistes d'un hôtel) à défaut de proposer une intrigue de qualité. L'atmosphère rappelle sans l'égaler celle de Le jour se lève, de Carné, sur les écrans en juin de la même année. A voir pour Albert Préjean, toujours impeccable, Anne Laurens (actrice éphémère, vue aussi dans Remorques), ainsi que le théâtral André Brulé. Quant à Ginette Leclerc, dont le rôle de vamp vulgaire est déjà au point et qui sort de Prison sans barreaux et de La femme du boulanger, elle est ce qu'elle est. Il parait qu'on la trouvait sensuelle. Question de goût et d'époque, sans doute.
Son dernier rôle, Jean Gourguet, 1946
Une actrice de renom, souffrant de problèmes cardiaques, se retire au calme dans une pension au bord du lac d'Annecy. Mais elle s'ennuie. Jean Gourguet n'a pas laissé beaucoup de traces dans le cinéma français et son film le plus connu, Malaria, n'est vraiment pas à conseiller. Le cinéaste a souvent oeuvre dans le registre mélodramatique comme en témoignent certains titres de sa filmographie : Maternité clandestine, La fille perdue, Une enfant dans la tourmente ... Son dernier rôle est un peu à part et sans doute le doit-on au scénario de Jean-Paul Le Chanois. C'est la mélancolie qui prédomine ici avec un très jolie portrait de femme qui se sait condamnée par la médecine. Les dialogues, étonnamment, sont souvent drôles et s'y ajoute même une petite nuance fantastique. Gaby Morlay a épuré son jeu, elle est remarquable, tout comme ses camarades Dalio, Tissier et Debucourt, tous d'une sobriété parfaite. D'aucuns trouveront sans doute le film poussiéreux mais son charme désuet est pourtant tenace, reflet d'une époque, l'immédiat après-guerre, où il faut se remettre à vivre.
La cage, Pierre Granier-Deferre, 1975
Sous un faux prétexte, une femme attire son ex-mari dans sa villa isolée et l'enferme par surprise dans un coin de sa cave, fermé d'une grille. Deux surprises majeures dans ce film dans ce film méconnu de Granier-Deferre : 1. La présence de la bergmanienne Ingrid Thulin, pas mauvaise du tout, mais dont le couple qu'elle est censée avoir formé avec Ventura est moyennement crédible. 2. Lino garde sa cravate, quoique desserrée, tout au long de sa captivité. Etonnant, non ? Sinon, bonne qualité des dialogues de Pascal Jardin et idée de départ astucieuse mais qui a du mal à justifier 90 minutes de développement vu que les péripéties sont réduites. Cette confrontation entre ex manque un peu d'étoffe et même si des flashbacks ne se justifiaient pas, les deux personnages sont peu approfondis que ce soit dans leur psychologie ou par leurs contours sociaux. Quant au dénouement, sous forme de happy end ironique, il va à l'encontre du drame conjugal qui s'est joué auparavant. Un curieux film, trop confiné dans sa configuration de huis clos.
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