Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Guirlande de vieux films (Février/3)

L'honorable Catherine, Marcel L'Herbier, 1943

Catherine a des problèmes financiers. Elle décide de se consacrer au chantage et rançonne les couples irréguliers. Marcel L'Herbier n'était peut-être pas le cinéaste le plus indiqué pour diriger cette farce joyeuse mais il ne s'en tire pas si mal surtout dans une première partie enlevée où la fantaisie la plus débridée règne sans partage. Cela se gâte un peu sur la fin comme si personne n'avait su comme faire évoluer et finir cette comédie fortement inspirée des grands modèles américains. La touche Lubitsch est étrangère au réalisateur mais il peut compter sur la vivacité des dialogues de Henri Jeanson qui font merveille. Le duo majeur constitué d'Edwige Feullère et de Raymond Rouleau fonctionne parfaitement, la première se révélant éblouissante. Malgré une dernière demi-heure plus laborieuse, L'honorable Catherine est un divertissement plaisant qu'il n'y a nulle honte à savourer.

 

Caprices, Léo Joannon, 1942

Le soir du 31 décembre, un industriel prend sous son aile une actrice débutante qu'il prend pour une petite marchande de fleurs. Caprices tente, sans y parvenir complètement, de donner de la fantaisie à cette comédie romantique contrariée par une succession de péripéties plus ou moins captivantes. A dire vrai, cela donne un récit alambiqué, comme une suite de sketches qui ont du mal à s'enchaîner. Le film est construit autour de Danielle Darrieux, dont le joli tempérament contraste avec le manque de talent d'Albert Préjean pour la futilité. Le duo ne fonctionne pas vraiment et pas seulement pour l'écart d'âge. Bernard Blier fait une brève apparition tandis que, dans un rôle plus consistant, on se délecte de la qualité du jeu de Jean Parédès.

 

L'aventure est au coin de la rue, Jacques Daniel-Norman, 1944

Pierre, un jeune vantard à qui ses copains veulent faire une blague, un faux cambriolage de sa maison, se trouve aux prises avec de vrais gangsters. Quand on prétend à être une comédie d'action, il faut commencer très fort, continuer sur un tempo élevé et finir en trombe. L'aventure est au coin de la rue ne remplit que la dernière partie de sa mission après des débuts laborieux et un développement peu satisfaisant. S'il n'est pas question de crédibilité, là n'est pas l'objectif dans ce genre de films, des dialogues bien sentis sont nécessaires et ils sont ici anodins. N'est pas jeanson qui veut, hélas. Les têtes d'affiche sont assez décevantes : Raymond Rouleau a toujours eu la fantaisie forcée, Roland Toutain est un peu mieux et Michèle Alfa se voit confier un rôle de chef de bande plutôt incongru. La consolation vient comme souvent des seconds rôles, bien typés, avec notamment jean Parédès et Denise Grey.

 

Paméla, Pierre de Hérain, 1945

Sous le Directoire, les royalistes complotent pour faire évader le Dauphin. L'élégante Paméla et d'autres Merveilleuses participent activement à ce dessein, tandis que Barras, au sommet de sa puissance, ferme les yeux. Adapté d'une pièce de Victorien Sardou, Paméla a été tourné de 1944 mais n'est sorti qu'en mai 1945, dans l'indifférence générale. Réalisé dans des conditions difficiles, le film semble avoir bénéficié de moyens adéquats pour reconstituer une page d'Histoire, cependant totalement fantaisiste. Ce n'est pas l'action qui compte vraiment mais le climat de cette époque, charnière entre la Révolution et l'arrivée de Bonaparte. Le film ne manque pas d'élégance et d'humour, stimulé par l'interprétation brillante de Fernand Gravey secondé par Renée Saint-Cyr, Yvette Lebon, Raymond Bussières et Georges Marchal, entre autres. Le metteur en scène, Pierre de Hérain, beau-fils de Pétain, avait signé auparavant Monsieur de Lourdines. Il ne tournera plus que 3 fois après la fin de la guerre.

 

Le colonel Chabert, René Le Hénaff, 1943

Laissé pour mort sur le champ de bataille d'Eylau, le colonel Chabert revient 10 ans plus tard à Paris. Sa femme s'est remariée et ne semble pas vouloir le rencontrer. Assurément, l'un des plus grand rôles de Raimu, le plus dramatique en tous cas, dans ce récit de Balzac qui avait déjà fait l'objet d'une adaptation au cinéma en 1911. Bon technicien, Le Hénaff a soigné sa mise en scène mais il manque un peu de nerf à toute la première partie du film. Et dès que l'action s'éloigne de Raimu, Le colonel Chabert perd largement de son intérêt avec une Marie Bell qui joue correctement mais sans plus. En revanche, belle prestation du toujours impeccable Aimé Clariond. Il faudrait revoir dans la foulée la dernière version du livre, signée Yves Angelo avec Depardieu, mais pas certain qu'elle soit vraiment supérieure à celle de Le Hénaff, tournée, faut-il le préciser, pendant les temps les plus sombres de l'Occupation.

 



21/02/2019
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