Guirlande de vieux films (Décembre/2)
Enfance (Shônenki), Keisuke Kinoshita), 1951
En 1944, la famille Kobayashi quitte Tokyo pour la campagne, afin de fuir les raids aériens. En tant "qu'évacuée", elle est mal accueillie par la population locale. Tourné en 1951, Shônenki revient sur une période très proche et son principal intérêt est de montrer le moral d'une nation qui ne pense pas encore perdre la guerre. Ostracisé par ses camarades, le fils aîné de la famille se pose des questions sur l'inactivité de son père qui ne soutient pas l'effort de guerre. Le film n'a pas les qualités habituelles du cinéma de Kinoshita et traîne un peu en route, dénué de scènes véritablement marquantes. Une oeuvre mineure dans une filmographie dense et le plus souvent passionnante.
La fille (Cosi come sei), Alberto Lattuada, 1978
Un architecte romain est attiré par une jeune femme avant de découvrir qu'elle pourrait être sa fille. Dans le dernier versant de sa carrière, Alberto Lattuada a signé quelques films assez moyens qui ne doivent pas faire oublier la qualité d'un metteur en scène largement sous-estimé. Sous des dehors un peu scandaleux (pour l'époque) entre inceste et fascination pour les jeunes filles nubiles, La fille est avant tout un film sur la vieillesse qui approche, la solitude matrimoniale et la lassitude d'une certaine bourgeoisie. Le ton est à la mélancolie dans cette histoire d'amour qui ne peut exister que dans une période éphémère. Mastroianni, dans un rôle peu valorisant, joue parfaitement le quinquagénaire un rien blasé et défait, qui retrouve un peu de ses jeunes années amorales et insouciantes, même si ce n'est que pour un temps. Face à lui, Nasstassja Kinski est sidérante de beauté et de grâce. La fille vaut mieux que son image d'érotisme chic et douteux.
L'armée invisible (Den usynlige haer), Johan Jacobsen, 1945
Alors que le Danemark est occupé, des résistants ont pour objectif de faire sauter une usine qui collabore avec les allemands. Réalisateur prolifique, Johan Jacobsen tourne L'armée invisible juste après la fin de la guerre. Le film reprend des ingrédients classiques de film noir mais y ajoute une histoire sentimentale pas très heureuse. En gros, le chef des résistants retrouve sa femme après plusieurs années et découvre qu'elle aime son meilleur ami, lequel reprendra le flambeau de l'opération en cours après sa mort. Bref, le scénario est assez peu subtil et la dramatisation excessive de son dénouement fait basuler le film du thriller au mélodrame.
Premier amour (Erste Liebe), Maximilian Schell, 1970
Un adolescent en villégiature tombe amoureux de sa voisine plus âgée, issue d'une famille aristocratique déchue. Le grand acteur autrichien Maximilian Schell a réalisé une poignée de films et a débuté avec une adaptation du Premier amour de Tourgueniev. Une coproduction germano-hungaro-suisse, nommé aux Oscars, qui semble surtout animée par le désir artistique de l'auteur, qui se contente de retranscrire les grandes lignes de l'intrigue, sans grand effort pour la continuité narrative. Les images du maître suédois Sven Nykvist sont belles mais la mise en scène abuse des mouvements de caméra, paradoxalement figée dans un syle illustratif qui se veut poétique et rappelle, en moins bien, le style de Visconti. Dominique Sanda, héroïne insaisissable de Erste Liebe, est magnifique.
L'homme du train (O anthropos tou trainou), Dinos Dimopoulos, 1958
Lors du passage d'un train, une femme croit reconnaître son premier amour, tué par les allemands, 14 ans plus tôt. Dinos Dimopoulos a réalisé 47 films de 1953 à 1993 et reste l'un des cinéastes grecs parmi les plus connus dans son pays. L'homme du train est un long-métrage hautement romantique qui comporte un long flashback situé pendant l'occupation allemande, avec des éléments de film noir, bien qu'il ne puisse être totalement intégré au genre. Correctement réalisé, il reste cependant trop terre-à-terre, Dimopoulos ne parvenant pas, par sa mise en scène, à sublimer une histoire à fort contenu émotionnel.
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