Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Guirlande de vieux films (Avril/3)

Dernière heure, édition spéciale, Maurice de Canonge, 1949

Un pianiste célèbre est découvert mort dans sa baignoire. Tout le monde, y compris les médecins légistes, conclut à la mort naturelle. Seul de toute la presse, le journal « Le Cri du Monde » annonce qu'il s'agit d'un assassinat. Une excellente comédie policière signée Maurice de Canonge qui s'illustra un peu plus tard avec le remarquable Police judiciaire, qui n'avait rien à envier au cinéma américain. Entre Capra et Clouzot, en moins brillant quand même, le film réussit surtout à convaincre dans le registre de la légèreté, et beaucoup moins en tant que thriller judiciaire. Néanmoins, l'action est bien menée, sans temps morts, et l'interprétation vaut le déplacement. Le couple Meurisse/Joyeux avec le renversement (très américain aussi) des caractères (elle fume, boit et jure ; il s'occupe du courrier du coeur et ne consomme que du jus d'orange) est parfait et Pierre Dac est tout aussi impeccable. A noter que ce sont les vrais débuts de Michel Galabru au cinéma (après une figuration), tandis que Jean Carmet, déjà actif depuis 8 ans, commence à avoir des rôles plus consistants.

 

L'extravagante misssion, Henri Calef, 1945

Robert Dupont, las de la vie, tente de se suicider. Son sauveteur le charge de porter en Indochine une serviette bourrée de documents qui sont, en réalité, des millions provenant d'une vaste escroquerie. Premier film de Henri Calef, une mise en jambes pour celui qui réalisa peu après le très ambitieux Jericho. Le film serait charmant s'il ne perdait rapidement de son intérêt, tournant en rond sur le paquebot où se passe l'action. Le casting est riche mais aucun comédien n'a un matériau suffisant pour montrer son talent. Henri Guisol fait un héros assez terne, largement dépassé par les rôles secondaires interprétés par Martine Carol, Simone Valère, Jean Parédès, Yves Deniaud ou encore Jean Tissier. Mais ils se contentent d'assurer le minimum syndical faute de dialogues de meilleure qualité.

 

Romance de Paris, Jean Boyer, 1941

Georges Gauthier, un ouvrier, est tenu éloigné du monde du spectacle par sa mère, abandonnée par le père chanteur. Mais sous le nom de Papillon, Georges commence à se produire sur scène. Y'a d'la joie dans le film de Jean Boyer, l'un des seuls réalisateurs avant Jacques Demy à avoir un tant soit peu maîtrisé l'art de la comédie musicale. Romance de Paris est l'un des premiers films français tournés après la défaite de 40. Totalement voué à distraire une population meurtrie et soumise aux plus grandes restrictions, le film remplit parfaitement son contrat et séduit encore près de 80 ans plus tard, par sa gaieté, les chansons de Trenet et une bienveillance vis à vis de ses personnages qui ne se dément jamais. Charles Trenet n'est pas un acteur fantastique mais s'en sort sans dommage, extrêmement bien entouré : Jean Tissier, Robert Le Vigan, Alerme, Sylvie et Yvette Lebon.

 

Le père Lampion, Christian-Jaque, 1934

Un égoutier devient, par le jeu des ressemblances, président du conseil de son pays. Il entreprend de tout réformer et le peuple s'enthousiasme. En 1934, le prolifique Christian-Jaque en est déjà à son cinquième film. Et Le père Lampion, quoique méconnu, est l'une de ses réussites d'avant-guerre. Cette comédie satirique tire à vue sur les us politiques de la troisième République. Le film ne cache aucunement ses origines théâtrales mais le rythme est enlevé, les situations croquignolettes et la morale réjouissante. Les moeurs politiques telles qu'elles sont décrites ont finalement peu changé depuis 80 ans. L'interprétation est de bonne tenue bien que les acteurs soient restés obscurs (des comédiens de théâtre, sans doute). Aucune raison de bouder son plaisir devant ce film qui cultive le bon sens dans l'absurde et n'est pas avare de bons mots. Tant il est vrai, comme on nous le fait entendre, que quand les fonctionnaires fonctionnent et que les contribuables contribuent, tout va pour le mieux dans la démocratie.

 

La septième porte, André Zwobada, 1948

Ali est jeune et pauvre. Un vieil homme lui lègue sa fortune et son palais. Avec une recommandation : ne jamais ouvrir la septième porte. Après son François Villon, André Zwobada part pour le Maroc où sa carrière va se poursuivre. Après un court-métrage documentaire, il tourne ce conte oriental un peu perturbant puisque joué par des acteurs français : Georges Marchal, Maria Casarès, Jean Servais, Aimé Clariond ... A tort, Google et wikipédia parlent d'un film musical, alors qu'il s'agit d'une oeuvre fantastique assez pessimiste qui évoque la vie comme un voyage à cheval, en bus ou en camion, où la jeunesse ne dure finalement qu'un instant. Le film manque de rythme et son scénario use parfois de subterfuges trop faciles mais la conclusion est belle.

 



19/04/2019
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