Cinéphile m'était conté ...

Les amants de Capri (September Affair), William Dieterle, 1950

Un industriel et une pianiste américains ratent leur vol à Naples et sont ainsi sauvés d'un crash. Alors qu'ils sont présumés morts, ils décident de refaire leur vie ensemble à Florence. Un beau film romantique, lesté par la culpabilité, qui a nécessairement un dénouement conforme à la morale. L'interprétation de Joan Fontaine est lumineuse et celle de Joseph Cotten excellente. Françoise Rosay, dans un petit rôle, celui de la conscience et de la raison, se fait sa place. Malgré une vision toute hollywoodienne de l'Italie et un défilé de cartes postales (Naples, Capri, Pompéi, Florence), le film reste de qualité même s'il manque un tout petit quelque chose à Dieterle pour sublimer son histoire, comme l'auraient sans doute fait Sirk ou Borzage.

Ouvert contre X, Richard Pottier, 1952

Le riche banquier Dorgeres a été mystérieusement assassiné et l'inspecteur Bonnardel mène l'enquête. Les soupçons désignent la maîtresse du défunt. Un excellent whodunit qui ne brille pourtant pas par son suspense ni par sa résolution due à une extraordinaire coïncidence. Tout est dans le ton, ironique voire sarcastique et surtout l'humour de l'ensemble, irrésistible. On y entend l'expression Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages bien avant que de Gaulle n'utilise la phrase sans parler du titre du film d'Audiard. Les dialogues de Marc-Gilbert Sauvajon rappellent justement ceux de ce dernier, avec un scénario signé par le célèbre avocat Floriot. La mise en scène de Richard Pottier est efficace et l'interprétation de Robert Dalban, Henri Crémieux et Jean Debucourt, antre autres, aux petits oignons. Celle du principal personnage féminin, Elina Labourdette, est un peu appuyée mais on lui pardonne eu égard du souvenir qu'elle a laissé dans Les dames du bois de Boulogne de Robert Bresson.

Let George do it, Marcel Varnel, 1940

Un joueur d'ukulélé est assassiné à Bergen. C'était un espion britannique que les services secrets s'apprêtent à remplacer. Et c'est ce nigaud de George qui par une série de malentendus se retrouve en Norvège. Le film est un véhicule pour George Formby, célébrissime fantaisiste qui fit carrière au music-hall et au cinéma et contribua grandement au moral des troupes anglaises durant la seconde guerre mondiale. Son attitude l'apparente à Fernandel alors que ses exploits physiques le rapprochent d'un Buster Keaton. Le film est totalement loufoque et insensé mais pas si mal écrit en définitive. Avec pour seule arme son ukulélé, George défie les plans les nazis avec une certaine prestance.

My learned Friend, Basil Dearden & Will Hay, 1943

Tout juste sorti de prison, un homme annonce à son ancien avocat qu'il le sera le dernier d'une liste à être tué de ses mains. Une comédie noire de la plus belle eau co-réalisée et jouée par Will Hay dont ce fut le dernier film. Totalement loufoque, saturé de jeux de mots hélas intraduisibles, My learned Friend est mené à un train d'enfer à mesure que les meurtres se succèdent. Attention, il y a derrière cette folie contagieuse un vrai travail d'écriture. Les dernières scènes, époustouflantes, ont lieu à l'intérieur et à l'extérieur de Big Ben, les protagonistes terminant accrochés aux aiguilles de l'horloge.

The Ghost of St. Michael's, Marcel Varnel, 1941

Durant le Blitz, un collège est transféré en Ecosse. Plus précisément dans un château hanté où chaque mort est annoncée par une cornemuse fantôme. Encore une comédie britannique jubilatoire avec le duo Will Hay/Claude Hulbert en professeurs incompétents obligés de devenir enquêteurs. Le film culmine dans une scène de tribunal qui se tient dans une grange avec des animaux de la ferme comme éléments perturbateurs. Ceci dit, si c'est délirant, ce n'est pas n'importe quoi avec un suspense extrêmement bien mené. Et avec une résolution qui prend en compte l'actualité du moment à savoir l'espionnage nazi. Un film fait pour dérider le public anglais durant l'une des pires périodes de leur histoire et qui conserve de très beaux restes.