Cinéphile m'était conté ...

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Grappillage de vieux films (Octobre/1)

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Insiang, Lino Brocka, 1976
Insiang vit dans un bidonville de Manille avec sa mère tyrannique. Celle-ci son jeune amant à la maison. Premier film philippin présenté à Cannes d'un cinéaste mort prématurément en 1991, il a été récemment restauré. Ce mélodrame qui prend d'abord en compte la situation sociale avant de resserrer son intrigue sur un affrontement mère-fille, est d'une grande violence sans tomber dans le piège du misérabilisme. Il se rapproche du cinéma néo-réaliste italien et le film fait aussi penser aux Bas-fonds de Kurosawa. Une tragédie qui malgré quelques ruptures de ton frappe par la précision de sa mise en scène, de son scénario et de son interprétation. Il est dommage que le nom de Lino Brocka soit un peu oublié aujourd'hui voire confondu avec celui de son successeur Brillante Mendoza.

 

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Jeannou, Léon Poirier, 1943
Jeune fille du Périgord, Jeannou quitte son père pour suivre son amant à Paris. Certains critiques ont affublé le film de l'épithète de "pétainiste." Il est vrai qu'il défend la tradition et l'attachement à la terre comme des valeurs inaliénables. Très daté, le film tricote une intrigue assez peu passionnante mais offre une vision de la campagne française intéressante, passéiste et à mille lieux de celle de Goupi mains rouges de Becker. Manifestement, Poirier n'a pas une once du talent de ce dernier. Oeuvre laborieuse, toutefois rehaussée par l'interprétation de quelques seconds rôles tenus par de vrais périgourdins, et par Michèle Alfa au phrasé étonnamment moderne. Saturnin Fabre, toujours aussi cauteleux n'a malheureusement pas de dialogues rutilants à se mettre en bouche.

 


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Les lions sont lâchés, Henri Verneuil, 1961
Lassée de sa vie provinciale, Albertine quitte son mari et Bordeaux pour Paris. Adapté d'un roman obscur, le film est un ratage à peu près complet. Visiblement, Audiard n'a guère fait d'efforts aux dialogues pour cet univers mondain et snob qui n'est pas le sien. Ce n'est pas celui de Verneuil non plus. Les mésaventures amoureuses et libertines (?) d'Albertine ne présentent strictement aucun intérêt pas plus que son personnage ou ceux qu'elle rencontre avant de repartir vers la Gironde. Claudia Cardinale n'était pas inspirée et cela se voit. Autant que pour Ventura, Brialy ou encore Danielle
Darrieux qui minaude sans modération. Seule Michèle Morgan s'en tire bien avec une ironie qui lui sied bien. Quel casting tout de même pour un gâchis de haute volée.

 

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L'effroyable secret du docteur Hichcock (L'orribile segreto del Dr. Hichcock), Riccardo Freda, 1962

12 ans après la mort de sa femme, le docteur Hichcock revient chez lui, à Londres, avec sa nouvelle épouse. Cette tentative italienne de concurrencer les productions de la Hammer est une catastrophe. Déjà, le scénario est plus troué qu'un gruyère. Il n'est fondé que sur le malaise et la terreur de la deuxième épouse de notre docteur pervers et nécrophile, excusez du peu, qui fait rien qu'à l'épouvanter. C'est Barbara Steele qui joue le rôle, prêtresse de l'horreur, mais qui ici passe son temps à écarquiller les yeux. Le reste de l'interprétation est encore plus désastreux. Cela pourrait être drôle, au fond, si le film ne se prenait autant au sérieux essayant de créer une atmosphère gothique. Peine perdue. Comment dit-on navet en italien ?

 


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Un oiseau rare, Richard Pottier, 1935
Le valet d'un richissime homme d'affaires a gagné un concours publicitaire et un séjour à la montagne. Son patron décide de l'accompagner incognito. Voici un bon exemple du cinéma populaire français des années 30. Rien de déshonorant là-dedans mais l'irrévérence qui ne saurait être de l'insolence a ses limites et à la fin tout rentre dans l'ordre à savoir que maître et serviteurs retrouvent leur place. Seule la jeunesse et l'amour ont le droit de sortir de leur rang. Prévert a signé les dialogues mais son apport est minime même si cela n'empêche pas de prendre du plaisir à voir le jeune Brasseur, le suave Dearly ou encore l'indispensable Larquey. Tout bien pesé, cette pochade est loin d'être désagréable nonobstant son innocuité.



16/10/2016
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