Grappillage de vieux films (Mars/1)
La famille Toth (Isten hozta ornagy ur), Zoltan Fabri, 1969
Pendant la guerre, la famille Toth, résidant au nord de la Hongrie, accueille le supérieur de leur fils soldat, qui a grand besoin de repos. Tout à leur devoir de plaire à leur hôte, la famille se plie aux quatre volontés du militaire. Cette comédie, sous forme de farce, symbolise la soumission à l'ordre y compris dans l'accomplissement de tâches ridicules à savoir plier chaque nuit des boîtes, pour la simple raison que cela calme les nerfs du major dont la santé mentale est sujette à caution. On pense un peu au cinéma de Jiri Menzel dans ce récit absurde qui est bien répétitif et sans véritables péripéties, si ce n'est en son dénouement. Un film très mineur dans la carrière de Zoltan Fabri.
L'anneau métallique (Kanawa), Kaneto Shindo, 1972
Une femme cherche à se venger de son mari qui l'a quittée pour une autre. Basé sur une pièce du théâtre nô, tout en l'actualisant avec des personnages modernes, le film garde néanmoins les chants, la gestuelle et les maquillages dans des scènes qui se répètent à l'infini. Le harcèlement de l'épouse déchue prend la forme de coups de fils incessants qui rendent fous les amants. Le mélange de la tradition du théâtre et de la dramaturgie contemporaine est détonant mais aussi prodigieusement harassant et répétitif aux yeux d'un public non initié. Mais du cinéma japonais, en général, et de Kaneto Shindo, en particulier, il n'y a pas lieu d'être étonné à défaut d'être séduit.
Ne sois pas triste (Ne goryvy), Gueorgui Danielia, 1969
Au tournant du 20ème siècle, les mésaventures d'un jeune médecin géorgien, insouciant et impertinent. Mon oncle Benjamin, publié en 1843 par Claude Tillier a été adapté trois fois et notamment par Edouard Molinaro en 1969. La même année, Danielia le transpose dans sa terre natale. La philosophie gaie et mélancolique du livre correspond parfaitement au tempérament du peuple géorgien. On y chante sans arrêt, on y boit sans modération, et on pleure sans s'attarder outre mesure devant la mort et les coups du sort. Le film est adoré en Union soviétique, on perd beaucoup de sa substance avec la traduction française mais l'âme et le coeur de cette partie du Caucase sont fidèlement respectés.
Un beau jour (Tistega lepega dne), France Stiglic, 1962
Un petit village slovène en 1930. La troisième fille de la famille Pecan va se marier. Ses deux soeurs sont mortes, laissant un veuf (il s'est uni successivement aux deux) et quatre fillettes. Chronique amusée d'une contrée alors sous occupation italienne, le film se moque du fascisme et du machisme local avec une belle liberté de ton. S'il n'est pas propagandiste pour deux sous, il n'empêche que le discours communiste de la Yougoslavie est sous-jacent. Beau témoignage en tous cas d'un cinéma alerte et débridé, de la part d'un réalisateur, France Stiglic, qui fut sélectionné trois fois à Cannes.
Le dernier train du Katanga (Dark of the Sun), Jack Cardiff, 1968
Au Congo, un mercenaire et sa troupe a pour mission d'aller sauver un village menacé par les rebelles et récupérer des diamants. Plus connu pour ses talents de Directeur de la photo pour Powell, Mankiewicz et Vidor, Jack Cardiff a tout de même tourné 12 films en tant que réalisateur dans des styles très différents. Le dernier train du Katanga est original par son sujet, peu traité à l'époque, celui des guerres civiles africaines après l'indépendance. Il est d'une violence extrême, sans concession, et encore ne connait-on pas la version intégrale, encore plus sauvage. Un très bon film d'aventures, brutal, dans lequel Rod Taylor s'en donne à coeur joie dans le rôle du mercenaire viril sans foi ni loi.
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