Cinéphile m'était conté ...

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Grappillage de vieux films (Mai/1)

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La fille aux jacinthes (Flicka och hyacinter), Hasse Ekman, 1950
Une jeune femme se suicide et laisse tous ses biens à ses voisins qui ne la connaissaient pas. Ceux-ci cherchent à rencontrer les hommes de son passé. Ingmar Bergman, le "concurrent" suédois de Hasse Ekman de l'époque a qualifié le film de chef d'oeuvre. Il n'en est pas loin en effet, avec sa structure narrative inspirée par le Citizen Kane de Welles, avec sa succession de flashbacks qui éclairent peu à peu sur la personnalité de la suicidée jusqu'à la révélation finale, que l'on peut deviner, certes, mais qui était sacrément audacieuse pour l'époque. Il faut y ajouter la belle mise en scène tout en ombre et lumière. Un magnifique film noir romantique qui peut être vu aussi comme un thriller émotionnel qui rappellera aussi bien Laura que Lettre à une inconnue.

 

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Rêve (Mechta), Mikhail Romm, 1943
En 1933, quittant un villages pauvre de l'Ukraine occidentale appartenant à la Pologne, Anna vient s'installer à la ville. Romm manie l'ironie dans une première partie qui s'apparente plutôt à une comédie avant de se diriger inexorablement vers le drame. Dans la Pologne des années 30, Anna et tous ceux qu'elle côtoie ne trouvent pas de travail et voient leurs rêves brisés par l'implacable machine capitaliste. La libération viendra de l'annexion par l'URSS. Bien entendu, il s'agit d'un film de propagande qui ne fait pas toujours dans la finesse mais il faut reconnaître au film de grandes qualités narratives même si l'interprétation est parfois outrée. Un bon exemple du cinéma soviétique pendant les années du stalinisme et de la guerre.

 

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Le nouveau testament, Sacha Guitry, 1936
Un médecin quinquagénaire qui se sait trompé, jette la panique dans son entourage en faisant rapporter chez lui son veston dans lequel sa femme et ses amis trouvent un testament. Celui-ci révèle quelques secrets fort irritants. Après Pasteur et Bonne chance, Le nouveau testament peut être considéré comme le premier film où le "système" Guitry se met en place : adaptation d'une de ses pièces de théâtre, dialogues incessants et quasi huis clos en appartement bourgeois. L'histoire en dit long sur le mariage et l'infidélité selon le maître qui s'y connaissait pour avoir pratiqué l'un et l'autre assidument. Néanmoins, si Guitry est royal et Jacqueline Delubac (l'une de ses 5 épouses) excellente, le reste de la distribution peine à suivre le rythme et l'argument tient un peu trop du boulevard. Mais côté bons mots et ironie mordante, cela crépite sans trêve. Le meilleur de Guitry est encore à venir mais c'est mieux qu'une mise en bouche.

 

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Les dauphins (I delfini), Franco Maselli, 1960
Un hiver dans une petite ville du centre de l'Italie. Une bande de jeunes gens, libres, élégants, insolents dissimulent leurs frustrations dans les fêtes et l'alcool. Un film sur l'ennui et la haine d'un monde, celui des adultes qui ont fait fortune de façon plus ou moins respectable. Mais cette aversion ne débouche sur rien car le courage manque pour quitter une vie frivole et facile. Les dauphins est raconté en flashback par l'un de ces garçons, apprenti écrivain, le plus lucide d'entre eux mais lui aussi incapable d'échapper à un destin tout tracé. Le film n'est pas loin de ceux d'Antonioni de la même époque, en moins opaque, et bien plus bavard. Claudia Cardinale est encore bien jeune mais son talent est déjà éclatant au côté d'un Gérard Blain toujours brillant en type tourmenté et couard.

 

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Cinq douilles (Fünf Patronenhülsen), Frank Beyer, 1960
Pendant la guerre d'Espagne, cinq volontaires républicains restent derrière les lignes pour récupérer un message. Frank Beyer a été l'un des metteurs en scènes de la DEFA est-allemande. Minimaliste, ce n'est un film de guerre qu'en surface, davantage centré sur la survie avec ces hommes qui meurent pratiquement de soif dans les montagnes et doivent échapper aux griffes fascistes. Film de propagande, bien entendu, et au message parfois un peu pesant, mais qui reste digne d'intérêt par sa mise en scène réaliste et sa sécheresse de ton, c'est le cas de le dire. Largement inférieur, toutefois, à Spur der Steine, du même Frank Beyer.



03/05/2016
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