Glanage de vieux films (Août/2)
Le retour de l'enfant prodigue (Awdat al ibn ad dal, Youssef Chahine, 1976)
Ali est de retour dans sa famille après 12 ans d'absence, dont trois passés en prison. Mais désormais sans illusions, il décevra tous les siens. Comme toujours, Chahine parle de l'Egypte, en filigrane, et de son désespoir quant à l'évolution politique et sociale dans les années 70. Le film est particulièrement pessimiste même si Chahine offre un kaléidoscope de styles, dans une manière qui n'appartient qu'à lui. Les partie traitées en comédie musicale restent dans la note, si l'on peut dire, dégageant une fausse gaieté. Bien sûr, ce mélange des genres déconcerte parfois mais l'énergie et la force de conviction du réalisateur emportent le morceau.
La belle aventurière (The Gal who took the West, Frederick Cordova, 1949)
Un western original, raconté en flashbacks avec des versions qui diffèrent selon les survivants. De fait, ce n'est pas un véritable western, davantage une comédie sur une guerre picrocholine entre deux cousins qui se détestent et dont l'animosité décuple quand une belle chanteuse vient semer la zizanie. La dulcinée en question est la divine Yvonne de Carlo dont la puissance érotique donne des couleurs à ce petit film, plaisant sans nul doute.
Le fils prodigue (The Prodigal, Richard Thorpe, 1955)
En 70 avant J.-C., le Juif Micah rencontre la prêtresse d'Astarte, Samarra. Il s'en éprend et quitte sa famille pour la vie de débauche de Damas. Damas, son univers impitoyable ! Sera t-il suffisamment fort, Micah ? Pour résister à la tentation ? Sur un scénario de Saint-Luc, Richard Thorpe, expert ès films d'aventures (Ivanhoé, Tarzan) réalise benoîtement et ne fait pas de prodiges. Lana Turner est en pleines formes mais le jeune premier manque de charisme (Edmund Purdom). Pas folichon, folichon.
La méprise (The Hireling, Alan Bridges, 1973)
Palme d'Or surprise du Festival de Cannes 1973, partagée avec L'épouvantail de Jerry Schatzberg, lequel est d'une toute autre trempe. Un bon film, décrivant la relation entre un chauffeur solitaire et amer et une jeune veuve, sortant de dépression, reprenant peu à peu goût à la vie. La méprise joue finement sur les clivages sociaux, observés à travers les vitres d'une Rolls (nous sommes dans les années 20). Malgré un côté compassé, le film convainc, en particulier grâce aux jeux diamétralement opposés de Robert Shaw et de l'exquise Sarah Miles. De là à mériter une Palme ...
Les enfants de la ruche (Hachinosu no kodomokashi, Hiroshi Shimizu, 1948)
Un soldat démobilisé et sans endroit où aller prend sous son aile une dizaine d'orphelins dépenaillés. Les voici partis sur les routes, avec de petits boulots, de temps à autre, pour assouvir leur faim. Un road-movie dans les campagnes et les forêts du Japon de l'après-guerre où la prostitution et le marché noir semblent les seules activités rentables. Shimizu, dont les quelques films connus, et encore principalement dans les pays anglo-saxons, datent des années 30, est un cinéaste qu'il est difficile de rattacher aux quatre grands du cinéma nippon classique : Ozu, Naruse, Mizoguchi et Kurosawa. Il se situe à part, dans l'innocence et la pureté, malgré les drames, presque dans l'insouciance, en tous cas dans l'espérance de jours meilleurs. C'est vrai aussi dans la forme, qui n'est pas du tout celle du néo-réalisme italien auquel on pourrait hâtivement le rattacher. Très bon film.
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