Cueillette de vieux films (Novembre/2)
La piste des éléphants (Elephant Walk), William Dieterle, 1954
Un planteur de thé de Ceylan se marie en Angleterre. L'installation de son épouse est compliquée par l'isolement, le souvenir du père disparu de son mari et la menace des éléphants. Vivien Leigh a tourné toutes les scènes en extérieurs avant de renoncer, victime d'une grave dépression. Elizabeth Taylor l'a alors remplacée. Bon choix, car elle tient le film à bout de bras, unique femme dans un environnement hostile. Peter Finch et Dana Andrews ne brillent guère dans des rôles stéréotypés. Agréable à regarder, le film est cependant assez médiocre jusqu'à la charge finale des éléphants, très spectaculaire. Dieterle entame la dernière partie de sa carrière, sur une pente descendante.
Custer, l'homme de l'ouest (Custer of the West), Robert Siodmak, 1967
Après la victoire des Nordistes, Custer accepte un poste près des réserves cheyennes. Héros de la guerre de Sécession, Custer est l'homme du désastre de la bataille de Little Big Horn. Personnage controversé de l'histoire américaine, il a été assez maltraité par le cinéma qui n'a jamais su comment saisir l'essence de ce caractère indomptable. Siodmak est pratiquement à la fin de sa longue carrière et on peut se demander si le sujet lui importait. Il fait plutôt bien son travail à partir d'un scénario relativement éloigné de la vérité historique.
Les tractoristes (Traktoristy), Ivan Pyriev, 1939
Démobilisé, un tankiste rejoint un kolkhoze d'Ukraine où s'illustre une femme au volant de son tracteur. Le film est quasi une comédie musicale, pleine de rires et de chansons dans une communion socialiste qui dessine une sorte de monde idéalisé. Le film est d'une facture très brillante, Pyriev n'ayant pas été le protégé d'Eisenstein pour rien. Cependant, derrière le caractère joyeux de l'ensemble, la volonté de résister à toute intrusion étrangère et notamment allemande est clairement évoquée, de façon prémonitoire, les tracteurs symbolisant les tanks à venir. Les tractoristes réussit le prodige d'être à la fois un film de propagande à la gloire de Staline et une comédie romantique à rebondissements. Chapeau !
Poker Party (Six of a kind), Leo McCarey, 1934
Un couple part pour la Californie et une deuxième lune de miel, après 20 ans de mariage. Ils ont pris avec eux deux tourtereaux, pour réduire les dépenses. En 1933, McCarey a tourné Soupe au canard avec les Marx Brothers. Autant ce dernier était touché par la grâce comique, autant Poker Party est balourd, son humour absurde tombant systématiquement à plat malgré la présence épisodique de W.C. Fields. Désuet et pas drôle du tout, le film montre à quel point la comédie vieillit bien plus vite que le drame.
Deep Waters, Henry King, 1948
Un pêcheur de homards s'entiche d'un orphelin qui a la mer dans le sang. Mais son ancienne fiancée, responsable du placement du garçon, voit la situation d'un mauvais oeil. Contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer, Deep Waters n'est pas un film d'aventures, genre dans lequel Henry King a excellé, mais une oeuvre modeste et humaine réchauffée par les simples sentiments de l'amour et de la bienveillance. L'interêt du film vient aussi grandement de la qualité de sa photographie qui magnifie les paysages côtiers du Maine. Dean Stockwell, l'un des rares cas de jeunes acteurs qui ont brillamment poursuivi leur carrière à l'âge adulte, est très touchant de même que l'excellente Jean Peters et Dana Andrews, toujours juste sans effort apparent et qui, cela peut paraître étrange, ne connut pas une seule nomination pour l'Oscar du meilleur acteur.
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