Cinéphile m'était conté ...

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Grappillage de vieux films (Juin/3)

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Le retour d'Afrique, Alain Tanner, 1973
Un couple genevois décide de tout plaquer. Au moment de partir ils reçoivent un télégramme leur demandant de différer leur envol. Troisième volet de la trilogie de l'évasion, après Charles mort ou vif et La salamandre, le film de Tanner est habité par la langue d'Aimé Césaire et son Retour au pays natal. Le cinéaste suisse, à cette période, est inimitable dans sa façon de marier poésie, critique anti-capitaliste et ennui d'une vie routinière. Non sans ironie et une bonne dose d'humour à froid. De rebelles qui se gargarisent de mots, les révolutionnaires en chambre dérivent vers une vie "rangée" : appartement, voiture, bébé. Mis en scène avec élégance dans un noir et blanc sans fioritures, Le retour d'Afrique donne l'occasion à l'excellent François Marthouret d'exprimer toutes les nuances de son talent. On remarque aussi dans des rôles minuscules la présence de Juliet Berto et d'Anne Wiazemsky.

 

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Donne-moi tes yeux, Sacha Guitry, 1943
Un sculpteur âgé tombe amoureux d'une femme bien plus jeune que lui. Sachant que la cécité le menace, il est de plus en plus désagréable afin qu'elle le quitte. Un Guitry bien différent des autres, bien plus sombre et amer, qui est beaucoup moins riche en dialogues qu'à l'habitude. C'est l'un des rares films tournés sous l'occupation allemande qui témoigne d'un climat sinistre sans parler des allusions très claires au marché noir. Sur un plan plus personnel, le couple qu'il forme avec sa quatrième épouse bat de l'air et la séparation est pour l'année suivante. C'est elle, Geneviève Guitry, qui joue son amoureuse dans le film. On a souvent dit qu'elle était dénuée de talent mais ici elle ne s'en tire pas mal du tout face à un Guitry vieillissant et fatigué.

 

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Un ami viendra ce soir, Raymond Bernard, 1945
Dans les Alpes, une maison de santé sert de quartier général au commandant Gérard, qui a la responsabilité de tous les maquis des environs. Film de piètre réputation tourné dès la fin de la guerre et dont l'ambition est de rendre un hommage appuyé à la résistance française. La première partie est déconcertante, permettant à Michel Simon notamment de cabotiner de façon éhonté en hippie avant la lettre. Saturnin Fabre n'est pas en reste et Madeleine Sologne joue avec toute la fausseté dramatique dont elle est capable. Une fois que l'on a distingué les sains d'esprit parmi les fous, cela va nettement mieux et le film tient bien son suspense. Le dernier quart d'heure, sous forme d'hymne patriotique est lui à oublier.

 

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La meilleure part, Yves Allégret, 1955
En Savoie, sur le chantier de construction d'un barrage, la vie quotidienne d'une équipe de travailleurs dirigée par un jeune ingénieur humain mais au coeur malade. Peu considéré dans la filmographie d'Allégret, le film a conservé avec le temps sa valeur documentaire et ce notamment par l'évocation de la main d'oeuvre étrangère, italienne et algérienne, une caractéristique peu courante dans les films de l'époque des Trente glorieuses. La partie purement fictionnelle n'est hélas pas à la hauteur, assez prévisible, entre les pertes humaines, les revendications sociales et de maigres histoires sentimentales. Gérard Philipe est plutôt convaincant dans son rôle mais il est assez largement dépassé par un Gérard Oury que l'on vit souvent incarner des personnages peu sympathiques avant de se tourner vers la réalisation.

 

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Journal d'une femme en blanc, Claude Autant-Lara, 1965
Claude est interne en gynécologie. Marquée par la mort d'une patiente suite au tétanos contacté après un avortement, elle tombe enceinte. Gros succès public pour ce film qui connut une suite un an plus tard avec les mêmes interprètes et réalisateur. Journal d'une femme en blanc est très daté aussi bien par son thème que par sa forme, dans un cinéma efficace à défaut d'être toujours subtil. Marie-Josée Nat, souvent agaçante dans ses rôles, est ici parfaite en militante du droit des femmes à disposer de leur corps alors qu'elle même, dans un monde d'hommes, doit choisir sa voie. A l'époque, comme il est dit dans le film, les avortements clandestins faisaient plus de victimes que les accidents de la route.



30/06/2016
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